Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/384

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s’évanouit. On a vu déjà, dans les États assyriens, avec quelle lenteur s’opère la fusion ethnique étendue sur un grand ensemble. C’est un véritable combat entre ses éléments et, outre cette lutte générale dont l’issue est très facile à préciser, il y a sur mille points particuliers des luttes partielles où l’influence à laquelle est assurée, par la raison de quantité, la victoire définitive, n’en subit pas moins des défaites momentanées, d’autant plus multipliées que cette influence se trouve aux prises avec un compétiteur, en lui-même, bien autrement doué et puissant. De même que sa victoire sera la fin de tout, de même aussi, tant que la vie, importée par le principe étranger, se manifeste, la puissance dont l’inertie est le caractère reçoit échecs sur échecs. Tout ce qu’elle peut, c’est de tracer le cercle d’où son adversaire finit par ne pouvoir sortir, et qui, se rétrécissant de plus en plus, l’étouffera un jour. Ainsi en advint-il de l’élément blanc qui dirigeait les destinées de la nation égyptienne, au milieu et contrairement aux tendances d’une masse trop considérable de principes mélaniens. Aussitôt que ces principes commencèrent assez notablement à se trouver mêlés à lui, ils imposèrent à ses découvertes, à ses inventions, une limite qu’il ne put jamais leur faire franchir. Ils bridaient son génie et ne lui permirent que les œuvres de patience et d’application. Ils voulurent bien le laisser toujours édifier ces prodigieuses pyramides dont il avait apporté, du voisinage des monts Oural et Altaï, l’inspiration et le modèle. Ils voulurent bien encore que les principaux perfectionnements trouvés aux premiers temps de l’établissement (car, là, tout ce qui était vraiment de génie datait de la plus haute antiquité) continuassent à être appliqués ; mais, graduellement, le mérite de l’exécution grandissait aux dépens de la conception, et, au bout d’une période qu’en l’étendant autant que possible, on ne peut guère agrandir au delà de sept à huit siècles, la décadence

    lation de Thèbes, au temps d’Homère, peut se calculer à 2, 800, 000 habitants, et quand je songe à celle que, dans les époques postérieures, atteignit Syracuse, beaucoup moins riche et moins puissante, je ne partage nullement la surprise et l’incrédulité de M. de Bohlen. (Das alte Indien, t. I, p. 32 et passim.)