Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commença. Après Rhamsès III, vers le milieu du treizième siècle avant J.-C.[1], ce fut fini de toute la grandeur égyptienne. On ne vécut plus que sur les indications, chaque jour s’effaçant, des errements anciens[2].

Il est impossible que les plus fervents admirateurs de l’ancienne Égypte n’aient pas été frappés d’une remarque qui forme un singulier contraste avec l’auréole dont l’imagination entoure ce pays. Cette remarque ne laisse pas que de jeter une ombre fâcheuse sur la place qu’il occupe parmi les splendeurs du monde : c’est l’isolement à peu près entier dans lequel il a vécu vis-à-vis des États civilisés de son temps. Je parle, bien entendu, de l’ancien empire, et surtout, comme pour les Assyriens, je ne fais pas descendre au-dessous du septième siècle avant J.-C. le texte de mes considérations actuelles[3].

À la vérité, le grand nom de Sésostris plane sur toute l’histoire de l’Égypte primitive, et notre esprit, s’étant accoutumé à enchaîner derrière le char de ce vainqueur des populations innombrables, se laisse aller aisément à promener avec lui les drapeaux égyptiens du fond de la Nubie aux colonnes d’Hercule, des colonnes d’Hercule à l’extrémité sud de l’Arabie, du

  1. D’après la chronologie de Wilkinson, qui reconnaît ce prince dans le Rhamsès Amoun-Maï des monuments, roi diospolite de la 19e dynastie, et qui le fait régner en 1235 avant J.-C. (Wilkinson, t. I, p. 83.) — M. Lepsius reporte ce Rhamsès beaucoup plus haut et le place dans la 20e dynastie, au 15e siècle avant notre ère. (Briefe aus Ægypten, p. 274.)
  2. Sous Osirtasen Ier (1740 av. J.-C., suivant le calcul de Wilkinson), les monuments sont magnifiques. Les sculptures de Beni-Hassan appartiennent à cette époque, la plus brillante pour les arts. (Wilkinson, t. I, p. 22.) C’est le commencement du nouvel empire. Il ne s’agit déjà plus des constructions les plus colossales ; ainsi, bien que l’art soit dans tout son beau, il a déjà dépassé sa période de croissance. L’Osirtasen Ier de Wilkinson est le même que le Sesortesen de M. le chevalier Bunsen (t. II, p. 306.)
  3. M. Lepsius remarque que, pendant toute la durée de l’ancien empire, la civilisation fut essentiellement pacifique ; il ajoute que les Grecs ne soupçonnèrent même jamais l’existence de cette période de gloire et de puissance antérieure à la domination des Hyksos. (Lepsius, Briefe aus Ægypten, etc.) Le nouvel empire, dont l’établissement fut déterminé par l’expulsion des Hyksos, commença 1700 ans avant notre ère, et Amosis en fut le premier roi. (Lepsius, p. 272.)