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de Syrie, pas un moment dans l’histoire unie, suivie, compacte des nations assyriennes jusqu’au VIIe siècle, où l’on puisse introduire d’autres conquérants que les différentes couches de Sémites et quelques Arians, et quant à reporter bien haut la douteuse omnipotence d’un nébuleux Sésostris, la tâche n’en devient que plus scabreuse. À ces époques indéterminées, témoins, il est vrai, de la plus belle efflorescence de Thèbes et de Memphis, les principaux efforts du pays se portaient vers le sud[1], vers l’Afrique intérieure, un peu vers l’est, tandis que le Delta servait de passage à des peuples de races diverses longeant les plages de l’Afrique septentrionale.

Outre les expéditions dans la Nubie et les contrées sinaïtiques, il faut tenir compte également des immenses travaux de canalisation et de défrichement, tels que le dessèchement du

    justifier une identification de nations qui certainement étaient fort dissemblables. Même chose des Tokhari. Les peintures égyptiennes leur attribuent un profil régulier, un nez légèrement aquilin, une coiffure un peu semblable à la mitre persane. On les voit cheminer dans des espèces de charrettes avec leurs femmes et leurs enfants. C’en est assez pour que M. Wilkinson les confonde avec les Tokhari connus des Grecs, les Tokkhara du Mahabharata, habitants de la Sogdiane et de la Bactriane, sur le Iaxarte supérieur et le Zariaspe. M. Lassen partage cette opinion (Indisch. Alterth., t. I, p. 852). M. le lieutenant-colonel Rawlinson me paraît mieux inspiré lorsque, trouvant sur un cylindre assyrien la mention d’une expédition de Sennachérib contre les Tokhari qui habitent la vallée de Salbura, il se refuse à conduire les troupes de son héros chaldéen jusque vers l’Oxus, et se borne à chercher ces fameux Tokhari dans le sud de l’Asie Mineure (Report of the R. A. S., p. XXXVIII). Je crois que la véritable histoire ne saurait que gagner à se tenir fort en garde contre des extensions indéfinies de prétendues conquêtes qui ne se justifient que d’après des preuves aussi fragiles que des ressemblances de noms et quelques vagues ressemblances physiologiques.

  1. Les premières conquêtes en Éthiopie remontent, suivant M. Lepsius, à l’ancien empire, et eurent pour auteur Sesortesen III, roi de la 12e dynastie, qui fonda les remparts de Semleh et devint, plus tard, divinité topique. (Briefe aus Ægypten, p. 259.) — M. Bunsen envoie Sesortesen II non seulement dans la presqu’île du Sinaï, mais sur toute la côte septentrionale de l’Afrique jusque vis-à-vis l’Espagne ; il le ramène ensuite en Asie et en Europe jusqu’à la Thrace. C’est beaucoup. (Bunsen, ouvrage cité, t. II, p. 306 et passim.)