Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il venait de regagner la Suède quand, en février 1877, il fut mis tout d’un coup à la retraite par M. le duc Decazes. Nous ignorons les raisons de cette mesure qui l’atteignait dans toute la plénitude de son talent. Incapable de se plaindre, de solliciter, il ne fît aucune observation contre cette injustice, mais il en garda un vif ressentiment.

Vis-à-vis de ceux qui gouvernaient médiocrement, et tentaient sans prévoyance et sans énergie un coup d’État manqué, il garda une attitude dédaigneuse et hautaine. Il eut à ce moment de grands ennuis. Absolument désintéressé, ne comptant jamais, il avait laissé disparaître sa fortune. Il dut se défaire du château de Trye, et la transition entre une existence large et une vie gênée lui fut inévitablement assez pénible. Ses goûts étaient cependant d’une telle simplicité qu’il se disait fait pour être derviche, et il avait raison ; mais il était sensible au plaisir de donner et il lui était odieux d’avoir à s’occuper des petites économies journalières.

Après un court séjour à Paris, M. de Gobineau vint s’établir à Rome, et c’est là, sauf quelques courses vers le Nord en été, qu’il a passé les dernières années de sa vie.

Il y avait retrouvé des amitiés anciennes, il s’en fit de nouvelles. Il s’était remis à la sculpture avec une ardeur extrême ; il publiait aussi Ottar Jarl et terminait la seconde, puis la troisième partie de son beau poème l’Amadis.

Mais sa santé était gravement compromise. L’été de 1879, passé tout entier en Italie, l’avait laissé sans force contre les influences morbides du climat de Rome.

Il avait toujours été sévère pour la race latine. Il