Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/419

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d’affectueuse parenté (1)[1]. Le contraire est incontestable : leur état le plus ordinaire paraît avoir été l’hostilité flagrante et approuvée, et ces hommes honorables ne voyaient rien de si digne d’admiration qu’un guerrier monté sur un chariot, courant, aidé de son écuyer, épuiser ses flèches contre une tribu voisine (2)[2]. Cet écuyer, toujours présent dans les sculptures égyptiennes, assyriennes, perses, dans les poèmes grecs ou sanscrits, dans le Schah-nameh, dans les chants scandinaves et les épopées chevaleresques du moyen âge, fut aussi dans l’Inde une figure militaire d’une grande importance.

Les Arians guerroyaient donc entre eux (3)[3], et comme ils n’étaient pas nomades (4)[4], comme ils restaient le plus longtemps possible dans la patrie qu’ils avaient adoptée, et que leur vaillante audace en avait partout fini promptement avec la résistance des indigènes, leurs expéditions les plus fréquentes, leurs campagnes les plus longues, leurs désastres les plus complets, comme aussi leurs plus beaux triomphes, n’avaient qu’eux-mêmes pour acteurs. La vertu, c’était donc l’héroïsme du combattant, et, avant toute autre considération, la bonté, c’était la bravoure, notion que l’on retrouve, bien loin de ces temps, dans les poésies italiennes où le buon Rinaldo est aussi il gran virtuoso de l’Arioste. Les récompenses les plus éclatantes étaient assurées aux plus énergiques champions. On les nommait çoura, les célestes (5)[5], parce que, s’ils tombaient dans la bataille, ils allaient habiter le Svarga, palais splendide où les recevait Indra, le roi des dieux, et cet honneur était si grand, si au-dessus de tout ce que pouvait réserver l’autre



(1) Ce serait nier l’affirmation positive des hymnes védiques. (Lassen, Indisch. Alterthüm., t. 1, p. 734.)

(2) Dans le Zend-Avesta, l’homme de guerre se nomme rathâestâo, celui qui est sur le chariot.

(3) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 617.

(4) Lassen, ibid., p. 816. — Bien que pasteurs par excellence, ils n’étaient pas absolument étrangers non plus aux travaux de l’agriculture, et je serais tenté de croire que, si, dans leur première partie, ils ne s’y adonnèrent pas davantage, c’est que le sol et le climat ne leur permettaient pas d’en tirer des avantages suffisants.

(5) Ibid., p. 734.


  1. (1) Ce serait nier l’affirmation positive des hymnes védiques. (Lassen, Indisch. Alterthüm., t. 1, p. 734.)
  2. (2) Dans le Zend-Avesta, l’homme de guerre se nomme rathâestâo, celui qui est sur le chariot.
  3. (3) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 617.
  4. 4) Lassen, ibid., p. 816. — Bien que pasteurs par excellence, ils n’étaient pas absolument étrangers non plus aux travaux de l’agriculture, et je serais tenté de croire que, si, dans leur première partie, ils ne s’y adonnèrent pas davantage, c’est que le sol et le climat ne leur permettaient pas d’en tirer des avantages suffisants.
  5. (5) Ibid., p. 734.