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développements du brahmanisme et la naissance de la civilisation dans la vallée du Nil, et enfin que je reporte au IIIe siècle avant J.-C., époque où les véritables Égyptiens ne comptaient, pour ainsi dire, plus, la comparaison que j’en fais avec les brahmanes actuels, ce qui procure peu d’honneur à ces derniers. J’ai cru, toutefois, devoir cet hommage au siècle où naquit Manéthon. Ainsi, il est bien entendu qu’en ne faisant vivre la société hindoue que 2500 ans de plus que celle d’Assyrie, et 2000 ans de plus que celle d’Égypte, je la calomnie, je rabaisse sa longévité d’un bon nombre de siècles. Toutefois je persiste, parce que les chiffres incomplets qui me sont là entre les mains me permettent encore d’établir le raisonnement qui suit :

Trois sociétés étant données, elles se perpétuent dans la mesure où se maintient le principe blanc qui fait également leur base.

La société assyrienne, incessamment renouvelée au moyen d’affluents médiocrement purs, a déployé une extrême intensité de vie, a témoigné d’une activité en quelque sorte convulsive. Puis, assaillie par trop d’éléments mélaniens et livrée à des luttes ethniques perpétuelles, la lumière qu’elle projetait a été perpétuellement syncopée, a sans cesse changé de direction, de formes et de couleurs, jusqu’au jour où la race ariane-médique est venue lui donner une nouvelle nature. Voilà le sort d’une société très mélangée : c’est d’abord l’agitation extrême, ensuite la torpeur morbide, enfin la mort.

L’Égypte offre un terme moyen, parce que l’organisation de ce pays se tenait dans les demi-mesures. Le système des castes n’y exerçait qu’une influence ethnique très restreinte, car il était incomplètement appliqué, les alliances hétérogènes étant restées possibles. Probablement, le noyau arian s’était senti trop faible pour commander absolument et il s’était rabattu à des transactions avec l’espèce noire. Il reçut le juste loyer de cette modération. Plus vivace que l’organisation assyrienne, surtout plus logique, plus compact, moins fragile et moins variable, il eut une existence effacée, mêlée à moins d’affaires, moins influente sur l’histoire générale, mais plus honorable et plus longue de beaucoup.