Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

asiles (1)[1]. Il était temps, pour peu que les brahmanes voulussent sauver leur société, de se mettre à l’œuvre. La lutte s’engagea, et, si l’on compare le temps du combat à celui de la patience, l’un fut aussi long que l’autre. La guerre commencée au Ve siècle se termine au XIVe (2)[2].

Autant qu’on peut en juger, le bouddhisme mérita d’être vaincu, parce qu’il recula devant ses conséquences. Sensible, de bonne heure, au reproche, évidemment très mérité, de démentir ses prétentions à la perfection morale en se recrutant de tous les gens perdus, il s’était laissé persuader d’admettre des motifs d’exclusion physiques et moraux. Par là, il n’était déjà plus la religion universelle, et se fermait les accessions les plus nombreuses, si elles n’étaient pas les plus honorables. En outre, comme il n’avait pas pu détruire, de prime abord, les castes, et qu’il avait été obligé de les reconnaître de fait, tout en les niant en théorie, il avait dû, dans son propre sein, compter avec elles (3)[3]. Les rois kschattryas et fiers de l’être bien que bouddhistes, les brahmanes convertis et qui n’avaient rien à gagner, les uns et les autres, à la nouvelle foi, si ce n’est la dignité de bouddha et l’anéantissement parfait, devaient, tôt ou tard, soit par eux, soit par leurs descendants, éprouver, en mille circonstances, des tentations violentes de rompre avec la tourbe qui s’égalait à eux, et de reprendre la plénitude de leurs anciens honneurs.

De cent façons le bouddhisme perdit du terrain ; au XIe siècle, il disparut tout à fait du sol de l’Inde. Il se réfugia dans des colonies, comme Ceylan ou Java, que la culture brahmanique



(1) Burnouf, Introduction à l’hist., etc., t. I, p. 337. — Le bouddhisme hindou est aujourd’hui tellement dégénéré dans les provinces lointaines où il végète encore, que les religieux se marient, usage diamétralement opposé à l’esprit de la foi fondamentale. Ces religieux mariés se nomment au Népaul vadjra âtchâryas. (Ibid.)

(2) Ibid., p. 586.

(3) Burnouf, Introd. à l’hist., etc., t. I, p. 144. — Il fit plus que de les admettre en pratique. Il se montra faible au point de donner un démenti à sa prétention d’être une loi de grâce pour tous, en avouant que les boddhissatvas ne pouvaient s’incarner que dans des familles de brahmanes ou de kschattryas. (Ibid.)


  1. (1) Burnouf, Introduction à l’hist., etc., t. I, p. 337. — Le bouddhisme hindou est aujourd’hui tellement dégénéré dans les provinces lointaines où il végète encore, que les religieux se marient, usage diamétralement opposé à l’esprit de la foi fondamentale. Ces religieux mariés se nomment au Népaul vadjra âtchâryas. (Ibid.)
  2. (2) Ibid., p. 586.
  3. (3) Burnouf, Introd. à l’hist., etc., t. I, p. 144. — Il fit plus que de les admettre en pratique. Il se montra faible au point de donner un démenti à sa prétention d’être une loi de grâce pour tous, en avouant que les boddhissatvas ne pouvaient s’incarner que dans des familles de brahmanes ou de kschattryas. (Ibid.)