Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/493

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cet homme est anglais, irlandais, français, italien ou espagnol, les variations sont notables. Comme, le plus souvent, le sang anglais domine, comme il est celui qui, en Europe, a conservé le plus d’affinités avec l’essence ariane, les métis sont généralement beaux ou intelligents. Je m’unis donc à l’opinion qui attache de l’importance pour l’avenir de l’Inde au développement de cette population nouvelle, et, en m’abstenant de penser qu’elle soit jamais en état de mettre la main au collet de ses maîtres et de s’attaquer au radieux génie de la Grande-Bretagne, je ne crois pas inadmissible qu’après les dominateurs européens le sol de l’Inde ne la voie saisir le sceptre. À la vérité, cette race composite est exposée au même danger sous lequel ont succombé presque toutes les nations musulmanes, j’entends la continuité des mélanges et l’abâtardissement qui en est la conséquence. Le brahmanisme seul possède le secret de contrarier le progrès d’un tel fléau.

Après avoir ainsi classé les groupes hindous et indiqué les points d’où l’étincelle vivante, encore que très affaiblie, jaillira à l’occasion, je ne saurais m’empêcher de revenir sur la longévité si extraordinaire d’une civilisation qui fonctionnait avant les âges héroïques de la Grèce, et qui, sauf les modifications voulues par les variations ethniques, a gardé, jusqu’à nos jours, les mêmes principes, a toujours cheminé dans les mêmes voies, parce que la race dirigeante est demeurée suffisamment compacte. Ce colosse merveilleux de génie, de force, de beauté, a, depuis Hérodote, offert au monde occidental l’image d’une de ces prêtresses qui, bien que couvertes d’une robe épaisse et d’un voile discret, parvenaient cependant, par la majesté de leur attitude, à convaincre tous les regards qu’elles étaient belles. On ne la voyait pas, on n’apercevait que les grands plis de ses vêtements, on n’avait jamais dépassé la zone occupée par les peuples qu’elle-même renonçait comme siens. Plus tard, les conquêtes des musulmans, à demi connues en Europe, et leurs découvertes, dont les résultats n’arrivaient que défigurés, augmentèrent graduellement l’admiration pour ce pays mystérieux, bien que la connaissance en restât fort imparfaite.