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chinoise. Elle appartient très bien à la race ariane, et, précisément, parce que, dans cette race, chaque individu isolé possédait une importance qu’il ne paraît jamais avoir eue dans les multitudes inertes des peuples jaune et noir, l’autorité de l’homme complet, du père de famille, sur ses membres, c’est-à-dire sur les personnes groupées autour de son foyer, devait être le type du gouvernement.

Où l’idée s’altère aussitôt que le sang arian se mêle à d’autres espèces qu’à des blancs, c’est dans les conséquences diverses tirées de ce premier principe. — Oui, disait l’Arian hindou, ou sarmate, ou grec, ou perse, ou mède, et même le Celte, oui, l’autorité paternelle est le type du gouvernement politique ; mais c’est cependant par une fiction que l’on rapproche ces deux faits. Un chef d’État n’est pas un père : il n’en a ni les affections ni les intérêts. Tandis qu’un chef de famille ne veut que très difficilement, et par une sorte de renversement des lois naturelles, le mal de sa progéniture, il se peut fort bien faire que, sans même être coupable, le prince dirige les tendances de la communauté d’une façon trop nuisible aux besoins particuliers de chacun, et, dès lors, la valeur de l’homme arian, sa dignité est compromise ; elle n’existe plus ; l’Arian n’est plus lui-même : ce n’est plus un homme.

Voilà le raisonnement par lequel le guerrier de race blanche arrêtait tout court le développement de la théorie patriarcale, et, en conséquence, nous avons vu les premiers rois des États hindous n’être que des magistrats électifs, pères de leurs sujets dans un sens très restreint et avec une autorité fort surveillée. Plus tard, le rajah prit des forces. Cette modification dans la nature de sa puissance ne se réalisa que lorsqu’il commanda bien moins à des Arians qu’à des métis, qu’à des noirs, et il eut d’autant moins la main libre qu’il voulut faire agir son sceptre sur des sujets plus blancs. Le sentiment politique de la race ariane ne répugne donc pas absolument à la fiction patriarcale : seulement, il la commente d’une façon précautionneuse.

Ce n’est pas, du reste, chez les seuls Arians hindous que nous avons déjà observé l’organisation des pouvoirs publics. Les