Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/527

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qui, par la manière puérilement obscure et sèchement didactique dont elles sont exposées et déduites, ne constituent pas une branche de connaissances très dignes d’admiration (1)[1]. Les gros ouvrages scientifiques donnent lieu à plus d’éloges.

À la vérité, ces compilations verbeuses manquent de critique. L’esprit de la race jaune n’est ni assez profond, ni assez sagace pour saisir cette qualité réservée à l’espèce blanche. Toutefois, on peut encore beaucoup apprendre et recueillir dans les documents historiques (2)[2]. Ce qui a trait aux sciences naturelles est quelquefois précieux, surtout par l’exactitude de l’observation et la patience des artistes à reproduire les plantes et les animaux connus. Mais il ne faut pas s’attendre à des théories générales. Quand la fantaisie vague d’en créer passe par l’esprit des lettrés, ils tombent aussitôt au-dessous de la niaiserie. On ne les verra pas, comme les Hindous ou les peuples sémitiques, inventer des fables qui, dans leur incohérence, sont du moins grandioses ou séduisantes. Non : leur conception restera uniquement lourde et pédantesque. Ils vous conteront gravement, comme un fait incontestable, la transformation du crapaud en tel ou tel animal. Il n’y a rien à dire de leur astronomie. Elle peut fournir quelques lueurs aux travaux difficiles des chronologistes, sans que sa valeur intrinsèque, corrélative à celle des instruments qu’elle emploie, cesse d’être très médiocre. Les Chinois l’ont reconnu eux-mêmes par leur estime



(1) Il n’y a pas de philosophie possible là où les rites ont réglé d’avance jusqu’aux plus petits détails de la vie, et où tous les intérêts matériels conspirent également à étouffer la pensée. M. Ritter remarque très bien que la Chine s’est arrangée de façon à former un monde à elle seule et que la nature servait cette pensée. De tous côtés, le pays est peu accessible. Le gouvernement n’a pas voulu changer cette situation en créant des routes. À part le voisinage de Pékin, deux chemins entre le Kuang-toung et le Kiang-si, les passages du Thibet et quelques voies impériales en très petit nombre, les moyens de communication font absolument défaut, et non seulement la politique ne veut pas de rapports avec les autres pays de la terre, mais elle s’oppose même, avec une persistante énergie, à toutes relations suivies entre les provinces. (Ritter, ouvr. cité, p. 727 et passim.)

(2) Ce jugement n’est pas absolu, il comporte des exceptions, et on en doit faire une notable, par exemple, en faveur de Matouan-lin.


  1. (1) Il n’y a pas de philosophie possible là où les rites ont réglé d’avance jusqu’aux plus petits détails de la vie, et où tous les intérêts matériels conspirent également à étouffer la pensée. M. Ritter remarque très bien que la Chine s’est arrangée de façon à former un monde à elle seule et que la nature servait cette pensée. De tous côtés, le pays est peu accessible. Le gouvernement n’a pas voulu changer cette situation en créant des routes. À part le voisinage de Pékin, deux chemins entre le Kuang-toung et le Kiang-si, les passages du Thibet et quelques voies impériales en très petit nombre, les moyens de communication font absolument défaut, et non seulement la politique ne veut pas de rapports avec les autres pays de la terre, mais elle s’oppose même, avec une persistante énergie, à toutes relations suivies entre les provinces. (Ritter, ouvr. cité, p. 727 et passim.)
  2. (2) Ce jugement n’est pas absolu, il comporte des exceptions, et on en doit faire une notable, par exemple, en faveur de Matouan-lin.