Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/539

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et comme cependant la manie d’imitation qui les travaille les a poussés en plein dans la mollesse chinoise, un jour vient où, sans racines dans le pays, bien que nés de ses femmes, un coup d’épaule suffit pour les pousser dehors. Voilà l’histoire des Mongols. Ce sera également celle des Mantchous.

Afin d’apprécier la vérité de ce que j’avance, touchant le goût des dominateurs jaunes de l’Asie centrale pour la civilisation chinoise, il suffit de considérer ces nomades dans leurs conquêtes, autres que celles du Céleste Empire. En général, on a beaucoup exagéré leur sauvagerie. Ainsi, les Huns, les Hioung-niou des Chinois (1)[1], étaient loin d’être ces cavaliers stupides que les terreurs de l’Occident ont rêvés. Placés assurément à un degré social peu élevé, ils n’en avaient pas moins des institutions politiques assez habiles, une organisation militaire raisonnée, de grandes villes de tentes, des marchands opulents, et même des monuments religieux. On pourrait en dire autant de plusieurs autres nations finnoises, telles que les Kirghizes, race plus remarquable que toutes les autres, parce qu’elle fut plus mêlée encore d’éléments blancs (2)[2]. Cependant ces peuples qui savaient apprécier le mérite d’un gouvernement pacifique et des mœurs sédentaires, montrèrent constamment des sentiments très hostiles à toute civilisation quand ils se trouvèrent en contact avec des rameaux appartenant à des variétés humaines différentes de l’espèce jaune. Dans l’Inde, jamais Tatare n’a fait mine d’éprouver la moindre propension pour l’organisation brahmanique. Avec une facilité qui accuse le peu d’aptitude dogmatique de ces esprits utilitaires, les hordes de Tamerlan s’empressèrent, en général, d’adopter l’islamisme. Les vit-on conformer aussi leurs mœurs à celles des



(1) Ritter identifie les Hioung-niou, les Thou-kieou, les Ouïgours et les Hoei-he. De tous ces peuples, il fait des nations turques. Cette opinion, peut-être fondée quant à certaines tribus, me paraît fort critiquable pour l’ensemble. (Erdkunde, Asien, t. I, p. 437.)

(2) Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 744, p. 1114 et pass. ; t. II, p. 116. Schaffarik, Slawiche Alterthümer, t. I, p. 68. – Les langues turques, mongoles, tongouses et mantchoues contiennent un grand nombre de racines indo-germaniques. (Ritter, t. I, p. 436.)

  1. (1) Ritter identifie les Hioung-niou, les Thou-kieou, les Ouïgours et les Hoei-he. De tous ces peuples, il fait des nations turques. Cette opinion, peut-être fondée quant à certaines tribus, me paraît fort critiquable pour l’ensemble. (Erdkunde, Asien, t. I, p. 437.)
  2. (2) Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 744, p. 1114 et pass. ; t. II, p. 116. Schaffarik, Slawiche Alterthümer, t. I, p. 68. – Les langues turques, mongoles, tongouses et mantchoues contiennent un grand nombre de racines indo-germaniques. (Ritter, t. I, p. 436.)