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Ainsi, la nation chinoise semble devoir garder encore ses institutions pendant des temps incalculables. Elle sera facilement vaincue, aisément dominée ; mais transformée, je n’en vois guère le moyen.

Elle doit cette immutabilité gouvernementale, cette persistance inouïe dans ses formes d’administration, à ce seul fait que toujours la même race a dominé sur son sol depuis qu’elle a été lancée dans les voies sociales par des Arians, et qu’aucune idée étrangère n’a paru avec une escorte assez forte pour détourner son cours.

Comme démonstration de la toute-puissance du principe ethnique dans les destinées des peuples, l’exemple de la Chine est aussi frappant que celui de l’Inde. Ce pays, grâce à la faveur des circonstances, a obtenu, sans trop de peine et sans nulle exagération de ses institutions politiques, au contraire, en adoucissant ce que son absolutisme avait en germe de trop extrême, le résultat que les brahmanes, avec toute leur énergie, tous leurs efforts, n’ont cependant qu’imparfaitement touché. Ces derniers, pour sauvegarder leurs règles, ont dû étayer, par des moyens factices, la conservation de leur race. L’invention des castes a été d’une maintenue toujours laborieuse, souvent illusoire, et a eu cet inconvénient, de rejeter hors de la famille hindoue beaucoup de gens qui ont servi plus tard les invasions étrangères et augmenté le désordre extrasocial. Toutefois, le brahmanisme a atteint à peu près son but, et il faut ajouter que ce but, incomplètement touché, est beaucoup plus élevé que celui au pied duquel rampe la population chinoise. Celle-ci n’a été favorisée de plus de calme et de paix, dans son interminable vie, que parce que, dans les conflits des races diverses qui l’ont assaillie depuis 4000 ans, elle n’a jamais eu affaire qu’à des populations étrangères trop peu nombreuses pour entamer l’épaisseur de ses masses somnolentes. Elle est donc restée plus homogène que la famille hindoue, et dès lors plus tranquille et plus stable, mais aussi plus inerte.

En somme, la Chine et l’Inde sont les deux colonnes, les deux grandes preuves vivantes de cette vérité, que les races ne se modifient, par elles-mêmes, que dans les détails ; qu’elles