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celle des pays où la race noire pure servait de base. Le naturel malais, plus froid, plus raisonneur, plus apathique, s’accommoda mal de la séparation des castes, et aussitôt qu’apparut le bouddhisme, cette religion grossière réussit vite à s’implanter au milieu des multitudes à demi jaunes. Quels succès ne devait-elle pas obtenir auprès de celles dont les éléments étaient plus libres encore de principes mélaniens. Ceylan et Java restèrent longtemps les citadelles de la foi de Bouddha. Comme le principe arian hindou existait dans ces deux îles, le culte de Sakya y resta assez noble. Il construisit de beaux monuments à Java, témoins ceux de Boro-Budor, de Madjapahit, de Brambanan, et, ne s’écartant pas trop, ne dégénérant pas d’une manière complète des données intellectuelles qui font la gloire de l’Inde, il donna naissance à une littérature remarquable, où se trouvaient mêlées les idées brahmaniques et celles du nouveau système religieux. Plus tard, Ceylan et Java reçurent des colonisations arabes. L’islamisme y fit de grands progrès, et le sang malais, ainsi modifié et relevé par les immigrations brahmaniques, bouddhiques et sémitiques, ne rentra jamais dans l’humilité des autres peuples de sa race.

Au Japon, les apparences sont chinoises, et un grand nombre d’institutions ont été apportées par plusieurs colonies venues originairement, et à différentes époques, du Céleste Empire. Il y existe aussi des éléments ethniques tout différents et qui amènent des divergences sensibles. Ainsi, l’État est encore féodal, l’humeur des nobles héréditaires est restée belliqueuse. Le double gouvernement laïque et ecclésiastique ne se fait pas obéir sans peine. La politique soupçonneuse de la Chine, à l’égard des étrangers, a été adoptée par le Koubo, qui prend grand soin d’isoler ses sujets du contact de l’Europe. Il paraît que l’état des esprits lui donne raison, et que, taillés sur un tout autre modèle que ceux de la Chine, ses administrés, doués d’une façon dangereuse, sont âpres aux nouveautés. Le Japon semble donc entraîné dans le sens de la civilisation chinoise par les résultats des nombreuses immigrations jaunes, et en même temps il y résiste par l’effet de principes ethniques qui n’appartiennent pas au sang finnois. En effet, il existe certainement