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et morales qui créent l’originalité japonaise (1)[1].

Il n’y a pas, du reste, à s’y tromper : ce coin du monde si peu connu, beaucoup plus mystérieux que son prototype chinois, recèle la solution des questions ethnographiques les plus hautes. Quand il sera permis de l’aborder, de l’étudier en paix, d’y comparer les races, de faire rayonner les observations sur les archipels qui le touchent au nord, on trouvera, sur ce sol, bien des secours décisifs pour l’éclaircissement de ce que les origines américaines présentent de plus ardu.

La Corée est, de même que le Japon, une copie de la Chine, moins intéressante toutefois. Comme le sang arian n’est arrivé dans ces parages reculés que par communication très indirecte, il n’y a produit que des efforts d’imitation bien maladroits. Le Laos, je l’ai déjà fait entrevoir, est encore au-dessous, et, encore plus bas, se place la population de l’archipel Lieou-kieou (2)[2].

Les contrées où les deux principes, hindou et chinois, se partagent les sympathies des populations, sont également étrangères à la plus belle conquête des civilisations qu’elles vénèrent, la stabilité. Rien de plus mouvant, de plus variable, que les idées, les doctrines, les mœurs de ces territoires. Cette mobilité n’a rien à reprocher à la nôtre. Dans les terres transgangétiques, les peuples sont malais, et leurs nationalités se brouillent en nuances imperceptibles autant qu’innombrables, suivant que les éléments jaunes ou noirs dominent. Lorsqu’une invasion de l’est donne la prépondérance aux premiers, l’esprit brahmanique recule, et c’est la situation des derniers siècles,



(1) M. Pickering, jugeant sur ses observations personnelles, tient les Japonais pour identiques de race avec les Malais polynésiens (p. 117). — Il n’est pas impossible qu’avant toute invasion hindoue à Java, les Japonais n’y aient eu des établissements. Un des noms anciens de l’île est Cha-po. On y connaît deux districts appelés, l’un Ja-pan et l’autre Ji-pang. On sait, d’ailleurs, qu’à une époque très lointaine, les Japonais ont navigué dans tout l’archipel. (W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 19 ; Crawfurd, Archipelago, t. III, p. 465.)

(2) M. Jurien de la Gravière a fait justice de l’espèce d’Arcadie que les voyageurs anglais avaient installée dans ces îles. (Revue des Deux-Mondes, 1852.)


  1. (1) M. Pickering, jugeant sur ses observations personnelles, tient les Japonais pour identiques de race avec les Malais polynésiens (p. 117). — Il n’est pas impossible qu’avant toute invasion hindoue à Java, les Japonais n’y aient eu des établissements. Un des noms anciens de l’île est Cha-po. On y connaît deux districts appelés, l’un Ja-pan et l’autre Ji-pang. On sait, d’ailleurs, qu’à une époque très lointaine, les Japonais ont navigué dans tout l’archipel. (W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 19 ; Crawfurd, Archipelago, t. III, p. 465.)
  2. (2) M. Jurien de la Gravière a fait justice de l’espèce d’Arcadie que les voyageurs anglais avaient installée dans ces îles. (Revue des Deux-Mondes, 1852.)