Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/551

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’amour de l’imprimerie et de ses productions. Des princes, sans grande renommée et d’une puissance médiocre, Ablaï, entre autres, ont semé le désert de monastères bouddhiques, aujourd’hui en décombres. Plusieurs de ces monuments offraient, jusque dans le siècle dernier, où l’académicien Müller les visita (1)[1], le spectacle de leurs grandes salles dévastées depuis des années, à moitié démantelées et sans toits ni fenêtres, pourtant toutes remplies encore de milliers de volumes. Les livres tombés sur le sol, par suite de la rupture des tablettes moisies qui les supportaient jadis, fournissaient des bourres pour les fusils et du papier pour coller les fenêtres, à toutes les tribus nomades et aux Cosaques des environs (2)[2].

D’où avaient pu provenir cette persévérance, cette bonne volonté pour la civilisation, chez les multitudes belliqueuses du XVIe siècle, menant une existence des plus dures, des plus hérissées de privations, sur une terre improductive ? Je l’ai dit plus haut : d’un mélange antique de ces races avec quelques rameaux blancs perdus (3)[3].

C’est maintenant l’occasion de toucher un problème qui va prendre, tout à l’heure, les proportions les plus imposantes et faire presque reculer l’audace de l’esprit.

J’ai cité, dans le chapitre précédent, les noms de six nations blanches connues des Chinois pour avoir résidé, à une époque relativement récente, sur leurs frontières du



(1) Ce savant avait une manière, toute particulière à lui, d’explorer les contrées sur lesquelles devait s’escrimer son érudition. Il s’établissait de son mieux dans une ville ou dans un village, et s’entourait de tout le confortable disponible. Puis il envoyait à la découverte un caporal et trente Cosaques, et consignait gravement dans ses notes les observations que ces doctes militaires lui rapportaient. (Ritter, ibid., p. 734.)

(2) Ritter, t. I, p. 744 et pass.

(3) Les langues turques et mongoles, le tongouse et son dérivé, le mandchou, portent des marques de ce fait si considérable. Tous ces idiomes contiennent un grand nombre de racines indo-germaniques. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 436.) — Au point de vue physiologique, on observe encore que les yeux bleus ou verdâtres, les cheveux blonds ou rouges se rencontrent fréquemment chez certaines populations actuelles de la Mongolie. (Ibid.)


  1. (1) Ce savant avait une manière, toute particulière à lui, d’explorer les contrées sur lesquelles devait s’escrimer son érudition. Il s’établissait de son mieux dans une ville ou dans un village, et s’entourait de tout le confortable disponible. Puis il envoyait à la découverte un caporal et trente Cosaques, et consignait gravement dans ses notes les observations que ces doctes militaires lui rapportaient. (Ritter, ibid., p. 734.)
  2. (2) Ritter, t. I, p. 744 et pass.
  3. (3) Les langues turques et mongoles, le tongouse et son dérivé, le mandchou, portent des marques de ce fait si considérable. Tous ces idiomes contiennent un grand nombre de racines indo-germaniques. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 436.) — Au point de vue physiologique, on observe encore que les yeux bleus ou verdâtres, les cheveux blonds ou rouges se rencontrent fréquemment chez certaines populations actuelles de la Mongolie. (Ibid.)