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Ils en extrayaient, en grande quantité, des ornements ou des instruments d’or, d’argent et de cuivre. Il ne paraît pas que le fer s’y soit jamais montré. Dans les monuments construits pour le commun peuple, la trouvaille était de médiocre valeur ; aussi les chasseurs kirghizes ont-ils laissé subsister, jusqu’à nos jours, un grand nombre de ces constructions. Mais les plus belles, celles qui annonçaient, chez le mort, du rang ou de la richesse, ont été bouleversées sans pitié, non sans profit, car dans leur sein l’or a été recueilli avec profusion.

Les Cosaques prirent bientôt leur part de ces opérations destructives ; mais Pierre le Grand, l’ayant appris, défendit de fondre ni de détruire les objets déterrés dans les excavations, et ordonna de les lui envoyer à Saint-Pétersbourg. C’est ainsi que fut formé, dans cette capitale, le curieux musée des antiquités tchoudes, précieux par la matière et plus encore par la valeur historique. On appela ces monuments tchoudes ou daours, honneur peu mérité qu’on faisait aux Finnois, faute de connaître les véritables auteurs.

Les découvertes ne devaient pas se borner là. Bientôt on s’aperçut qu’on n’avait pas vu tout. À mesure qu’on avançait vers l’est, on trouvait des tombeaux par milliers, des fortifications, des mines. Dans l’Altaï, on remarqua même des restes de cités, et, de proche en proche, on put se convaincre que ces mystérieuses traces de la présence de l’homme civilisé embrassaient une zone immense, puisqu’elles s’étendaient depuis l’Oural moyen jusqu’au cours supérieur de l’Amour, prenant ainsi toute la largeur de l’Asie et couvrant de marques irrécusables d’une haute civilisation ces terribles plaines sibériennes aujourd’hui désertes, stériles et désolées. Vers le sud, on ne connaît pas la limite des monuments. À Semipalatinsk, sur l’Irtisch, dans le gouvernement de Tomsk, les campagnes sont hérissées de puissantes accumulations de terre et de pierres. Sur le Tarbagataï et la Chaïnda, des débris de cités nombreuses laissent contempler encore des ruines colossales (1)[1].



(1) Ritter, ibid., p. 325 et pass. Il semblerait que les monuments puissent se distinguer en deux classes, et celle à laquelle appartient

  1. (1) Ritter, ibid., p. 325 et pass. Il semblerait que les monuments puissent se distinguer en deux classes, et celle à laquelle appartient la plus haute antiquité indique aussi la civilisation la plus complète. (Ibid., t. II, p. 333.)