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comme leur plus parfait emblème, le symbole de l’impénétrable. Mais, trop prodigué, le sphinx finit par se révéler lui-même. Comme nous le trouvons chez les Perses sculpté aux murailles de Persépolis, comme nous le rencontrons en Égypte s’étendant silencieux en face du désert, et que sur les croupes du Cithéron des Grecs il erre encore tandis qu’Hérodote, ce soigneux observateur, le voit chez les Arimaspes, il devient possible de poser la main sur l’épaule de cette créature taciturne, et de lui dire, sinon qui elle est, du moins le nom de son maître. Elle appartient évidemment en commun à la race blanche. Elle fait partie de son patrimoine, et bien que le secret de ce qu’elle signifie n’ait pas encore été pénétré, on est autorisé à déclarer que, là où on l’aperçoit, là furent aussi des peuples arians.

Ces steppes du nord de l’Asie, aujourd’hui si tristes, si désertes, si dépeuplées, mais non pas stériles, comme on le croit généralement (1)[1], sont donc le pays dont parlent les Iraniens, l’Airyanemvaëgo, berceau de leurs aïeux. Ils racontaient eux-mêmes qu’il avait été frappé d’hiver par Ahriman, et qu’il n’avait pas deux mois d’été. C’est l’Uttara-Kourou de la tradition brahmanique, région située, suivant elle, à l’extrême nord, où régnait la liberté la plus absolue pour les hommes et pour les femmes ; liberté réglée cependant par la sagesse, car là habitaient les Rischis, les saints de l’ancien temps (2)[2]. C’est l’Hermionia des Hellènes, patrie des Hyperboréens, des gens de l’extrême nord, macrobiens, dont la vie était longue, la vertu profonde, la science infinie, l’existence heureuse. Enfin, c’était cette contrée de l’est dont les Suèves germaniques ne parlaient qu’avec un respect sans bornes, parce que, disaient-ils, elle était possédée par leurs glorieux ancêtres, les plus illustres des hommes, les Semnons (3)[3].

Ainsi, voilà quatre peuples arians qui, depuis la séparation de l’espèce, n’ont jamais communiqué ensemble, et qui s’accordent à placer dans le fond du nord, à l’est de l’Europe, le



(1) Voir plus haut, p. 430 et suiv.

(2) Lassen, Zeitschrift der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. II, p. 59.

(3) Mannert, Germania, p. 2.


  1. (1) Voir plus haut, p. 430 et suiv.
  2. (2) Lassen, Zeitschrift der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. II, p. 59.
  3. (3) Mannert, Germania, p. 2.