Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/587

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Scythes. Mais la fortune ne le seconda pas, et, mis en déroute complète, il lui fallut laisser les barbares, comme il les appelait sans doute, libres de continuer leurs courses dévastatrices. Ceux-ci pénétrèrent jusque sur la lisière de l’Égypte, où les supplications et plus encore les présents obtinrent d’eux qu’ils n’entreraient pas. Satisfaits de la rançon, ils allèrent porter ailleurs leurs violences. Cette bacchanale mongole fut terrible, et pourtant dura peu. Vingt-huit ans en virent la fin. Les Mèdes, tout battus qu’ils avaient été dans une première rencontre, étaient trop réellement supérieurs aux Scythes pour supporter indéfiniment leur joug. Ils revinrent à la charge, et cette fois avec un plein succès (1)[1]. Les cavaliers jaunes, chassés par les troupes de Cyaxare, s’enfuirent dans le pays au nord de l’Euxin. Ils allèrent y continuer, avec les peuples plus ou moins mélangés de sang finnois, les luttes anarchiques auxquelles ils sont propres, tandis que les Zoroastriens, débarrassés d’eux, reprenaient leur œuvre au point où elle avait été interrompue. L’invasion celto-scythe repoussée, Ninive fut assiégée de nouveau, et Cyaxare, vainqueur intelligent, entra dans ses murs.

Dès lors fut assurée la domination de la race ariane-zoroastrienne méridionale, à qui je puis désormais donner, sans inconvénients, le nom géographique d’iranienne. Il n’y eut plus que la seule question de savoir quel serait celui des rameaux de cette famille qui obtiendrait la suprématie. Le peuple mède n’était pas le plus pur. Pour ce motif, il ne pouvait garder la prédominance ; mais il était le plus civilisé par son contact avec la culture chaldéenne, et c’est là ce qui lui avait d’abord donné la place la plus éminente. Le premier, il avait préféré une forme de gouvernement régulière à de stériles agitations, et ses mœurs, ses habitudes, étaient plus raffinées que celles des autres branches parentes. Cependant, tous ces avantages résultant d’une affinité certaine avec les Assyriens, et que l’état de l’idiome accuse, avaient été achetés aux prix d’un hymen qui, en altérant le sang médique, avait aussi diminué sa vigueur

  1. (1) Hérodote, Clio, CVI.