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une nation métisse de blanc et de jaune, où le blanc arian avait dominé jadis, puis s’était un peu trop effacé, avec le temps, au sein d’alluvions celtiques très puissantes et d’alliages slaves (1)[1].

Pour découvrir le caractère ethnique des Illyriens, les difficultés ne sont pas moindres, mais elles se présentent autrement, et les moyens de les aborder sont tout autres. Des adorateurs de Xalmoxis (2)[2] il n’est rien demeuré. Des Illyriens, au contraire, appelés aujourd’hui Arnautes ou Albanais, il reste un peuple et une langue qui, bien qu’altérés, offrent plusieurs singularités saisissables.

Parlons d’abord de l’individualité physique. L’Albanais, dans la partie vraiment nationale de ses traits, se distingue bien des populations environnantes. Il ne ressemble ni au Grec moderne ni au Slave. Il n’a pas plus de rapports essentiels avec le Valaque. Des alliances nombreuses, en le rapprochant physiologiquement de ses voisins, ont altéré considérablement son type primitif, sans en faire disparaître le caractère propre. On y reconnaît, comme signes fondamentaux, une taille grande et bien proportionnée, une charpente vigoureuse, des traits accusés et un visage osseux qui, par ses saillies et ses angles, ne rappelle pas précisément la construction du facies kalmouk, mais fait penser au système d’après lequel ce



(1) Rask en fait des Arians sans donner aucune preuve à l’appui de son opinion. Il ne tient pas compte des différences notables existant entre ces peuples et les Hellènes, différences qui semblent s’opposer, jusqu’à présent, non pas à ce qu’on reconnaisse entre eux un degré d’affinité, mais à ce qu’on rapporte l’ensemble de leurs origines à la même source. — Consulter à ce sujet Pott, Encycl. Ersch u. Gruber, indo-germ. Sprachst., p. 25. — Comme indice à l’appui du mélange des Thraces avec des nations celtiques, je ferai remarquer combien se ressemblent les noms des villes de Βυζάντιον, très antique cité de la Thrace, et de Vesuntio, ville gallique dont la fondation se perd dans la nuit des temps. À la vérité, Byzance fut colonisé par Mégare, mais certainement sur l’emplacement d’une bourgade indigène. Le nom n’a rien de grec.

(2) Le nom de cette divinité paraît être de provenance slave, et se rattacher au mot szalmas, casque. — Munch, trad. allem. de Claussen, p. 13.

  1. (1) Rask en fait des Arians sans donner aucune preuve à l’appui de son opinion. Il ne tient pas compte des différences notables existant entre ces peuples et les Hellènes, différences qui semblent s’opposer, jusqu’à présent, non pas à ce qu’on reconnaisse entre eux un degré d’affinité, mais à ce qu’on rapporte l’ensemble de leurs origines à la même source. — Consulter à ce sujet Pott, Encycl. Ersch u. Gruber, indo-germ. Sprachst., p. 25. — Comme indice à l’appui du mélange des Thraces avec des nations celtiques, je ferai remarquer combien se ressemblent les noms des villes de Βυζάντιον, très antique cité de la Thrace, et de Vesuntio, ville gallique dont la fondation se perd dans la nuit des temps. À la vérité, Byzance fut colonisé par Mégare, mais certainement sur l’emplacement d’une bourgade indigène. Le nom n’a rien de grec.
  2. (2) Le nom de cette divinité paraît être de provenance slave, et se rattacher au mot szalmas, casque. — Munch, trad. allem. de Claussen, p. 13.