Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/138

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d’un si puissant rameau de la famille blanche. À cette période très ancienne, où les populations sémitiques étaient encore accumulées dans les montagnes de l’Arménie, et s’adossaient au Caucase, elles ont pu, sans doute, entretenir des relations



s’écriait : « Gomer et toutes ses troupes, la maison de Thogarma, les flancs de l’Aquilon et toute sa force et ses peuples nombreux. » (38, 6.) — Ainsi les Celtes unis aux Arméniens, comme ne formant qu’une seule race, c’est là pour les Hébreux la grande nation japhétide. Après elle vient Magog. Ce sont les peuples de la région caucasienne, probablement arians, Gog étant la transcription sémitique de l’arian kogh. Le livre saint les place dans un rapport d’apposition ou d’opposition avec Gomer : car le chef qui doit conduire les armées cimmériennes s’appelle Gog. Il n’y a pas hostilité entre Gog et Magog. (Ézéch. 38, 2, 3, 4.) C’est le premier qui doit commander Magog tout comme Gomer. En conséquence, je vois dans Magog une nation géographiquement voisine des Cimmériens, une nation de la même souche, blanche comme eux, pouvant se réunir à eux ; je vois dans Magog des Slaves, et ne crois pas qu’on soit fondé à y voir autre chose. — Après ce peuple s’offre Madaï, qui s’explique aisément : ce sont les Mèdes, cette fraction des Zoroastriens, la plus anciennement connue, la seule connue même des Chamites noirs et des premiers Sémites (t. I, p. 469). Il est naturel que la Genèse ne cite qu’elle. Après Madaï se trouve Javan. J’ai montré ailleurs (voir t. Ier) les différentes destinées de ce mot. On ne saurait lui attribuer ici un autre sens que celui d’ occidental. Ainsi Javan n’indique ni les Ioniens ni les Grecs, mais seulement des populations établies à l’ ouest de la Palestine, soit qu’on entende par là le nord, le nord-ouest ou simplement l’ouest. — Thubal succède à Javan. Les commentateurs y voient un peuple insignifiant dans le Pont, les Tibaréniens. Il en est de même pour Meschesch, placé entre l’Ibérie, l’Arménie et la Colchide. Ces deux groupes ont pu avoir, très anciennement, une importance qui se dissipa dans les siècles suivants comme celle des Thiras, des Thraces, dont j’ai suffisamment parlé en leur lieu. Ce dernier nom clôt la liste des produits de la première génération de Japhet. Après eux viennent les fils de Gomer et les fils de Javan, c’est-à-dire les branches de la famille les moins inconnues. Les fils de Gomer sont Thogarma dont j’ai déjà fait mention, les Arméniens, cités (X, 3) les troisièmes et que je cite les premiers pour en finir avec eux, puis Aschkenas et Riphath. Aschkenas ne s’est prêté jusqu’ici à aucune explication. Rosenmuller incline à y voir une peuplade quelconque entre l’Arménie et la mer Noire. Il me semble que c’est supposer que la géographie biblique s’appesantit bien inutilement sur une région qui ne lui tenait pas fort à cœur et où elle avait déjà mis suffisamment d’habitants, si c’est à bon droit qu’on y place déjà Thubal et Meschesch. Puisque les Aschkenas sont