Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/175

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solide confection : il n’y a pas lieu de s’extasier sur la forme. Elle y est des plus vulgaires, et ne fournit aucune trace qui puisse faire reconnaître un esprit amusé, comme dans l’Asie antérieure, à donner de belles apparences aux moindres objets ou sentant le besoin de plaire à des yeux exigeants (1)[1].

Il est vraiment curieux que César, qui s’étend avec assez de complaisance sur tout ce qu’il a rencontré dans les Gaules, et qui loue avec beaucoup d’impartialité ce qui le mérite, ne se montre aucunement séduit par la valeur artistique de ce qu’il observe. Il voit des villes populeuses, des remparts très bien conçus et exécutés : il ne mentionne pas une seule fois un beau temple (2)[2]. S’il parle des sanctuaires aperçus par lui dans les cités, cet aspect ne lui inspire ni éloge ni blâme, ni expression de curiosité. Il paraît que ces constructions étaient, comme toutes les autres, appropriées à leur but, et rien de plus. J’imagine que ceux de nos édifices modernes qui ne sont copiés ni du grec, ni du romain, ni du gothique, ni de l’arabe, ni de quelque autre style, inspirent la même indifférence aux observateurs désintéressés.

On a trouvé, outre les armes et les ustensiles, un très petit nombre de représentations figurées de l’homme ou des animaux. J’avoue même que je n’en connais pas d’exemple bien authentique.

Le goût général, semblerait-il donc, ne portait pas les fabricants ou les artistes à ce genre de travail. Le peu qu’on en possède est fort grossier et tel que le moindre manœuvre en saurait faire autant. L’ornementation des vases, des objets en bronze ou en fer, des parures en or ou en argent, est de même dénuée de goût, à moins que ce ne soient des copies d’œuvres grecques ou plutôt romaines, particularité qui indique,



(1) Keferstein, Ansichten, t. I p. 334.

(2) Le fait que les Celtes élevaient des sanctuaires dans leurs villes, à Toulouse entre autres, prouve que les dolmens n’appartenaient pas à leur culte ordinaire. Strabon, parlant de l’ancienne splendeur des Tectosages, raconte qu’ils déposaient leurs trésors dans les chapelles, σηκοῖς ou dans les étangs sacrés, ἐν λίμναις ἱεραῖς. Si les dolmens avaient été ces σηκοὶ, leur forme les aurait rendus trop remarquables pour que Posidonius n’en eût pas fait la description. (Strab., IV, 13.)

  1. (1) Keferstein, Ansichten, t. I p. 334.
  2. (2) Le fait que les Celtes élevaient des sanctuaires dans leurs villes, à Toulouse entre autres, prouve que les dolmens n’appartenaient pas à leur culte ordinaire. Strabon, parlant de l’ancienne splendeur des Tectosages, raconte qu’ils déposaient leurs trésors dans les chapelles, σηκοῖς ou dans les étangs sacrés, ἐν λίμναις ἱεραῖς. Si les dolmens avaient été ces σηκοὶ, leur forme les aurait rendus trop remarquables pour que Posidonius n’en eût pas fait la description. (Strab., IV, 13.)