Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/188

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vers la sphère du mélange blanc et jaune, l’imagination se calme soudain. Tout s’y passe sur un fond froid.

Là, on ne rencontre plus que des créatures raisonnables, ou, à ce défaut, raisonneuses. On n’aperçoit plus que rarement, et comme des accidents remarqués, de ces despotismes sans bornes qui, chez les Sémites, n’avaient pas même besoin de s’excuser par le génie. Les sens ni l’esprit n’y sont plus étonnés par aucune tendance au sublime. L’ambition humaine y est toujours insatiable, mais de petites choses. Ce qu’on y appelle jouir, être heureux, se réduit aux proportions les plus immédiatement matérielles. Le commerce, l’industrie, les moyens de s’enrichir afin d’augmenter un bien-être physique réglé sur les facultés probables de consommation, ce sont là les sérieuses affaires de la variété blanche et jaune. À différentes époques, l’état de guerre et l’abus de la force, qui en est la suite, ont pu troubler la marche régulière des transactions et mettre obstacle au tranquille développement du bonheur de ces races utilitaires. Jamais cette situation n’a été admise par la conscience générale, comme devant être définitive. Tous les instincts en étaient blessés, et les efforts pour en amener la modification ont duré jusqu’au succès.

Ainsi, profondément distinctes dans leur nature, les deux grandes variétés métisses ont été au-devant de destinées qui ne pouvaient pas l’être moins. Ce qui s’appelle durée de force active, intensité de puissance, réalité d’action, la victoire, le royaume, devait, nécessairement, rester un jour aux êtres qui, voyant d’une manière plus étroite, touchaient, par cela même, le positif et la réalité ; qui, ne voulant que des conquêtes possibles et se conduisant par un calcul terre à terre, mais exact, mais précis, mais approprié rigoureusement à l’objet, ne pouvaient manquer de le saisir, tandis que leurs adversaires nourrissaient principalement leur esprit de bouffées d’exagérations et de non-sens.

Si l’on consulte les moralistes pratiques les mieux écoutés par les deux catégories, on est frappé de l’éloignement de leurs points de vue. Pour les philosophes asiatiques, se soumettre au plus fort, ne pas contredire qui peut vous perdre, se contenter