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certitude, c’est que ces dernières étaient déjà fort nombreuses avant toute époque historique, et cette seule indication suffira pour établir combien il est naturel que leur état linguistique porte dans sa confusion la trace irrécusable de l’anarchie ethnique du sang d’où elles étaient issues. C’est là le motif qui défigure les dialectes des Galls, et rend l’euskara, l’illyrien, le peu que nous savons du thrace, l’étrusque, même les dialectes italiotes, si difficiles à classer.

Cette situation problématique des idiomes se prononce d’autant mieux que l’on considère des contrées plus méridionales en Europe.

Les populations immigrantes, se poussant de ce côté et y rencontrant bientôt la mer et l’impossibilité de fuir plus loin, sont revenues sur leurs pas, se sont renversées les unes sur les autres, se sont déchirées, enveloppées, enfin mélangées plus confusément que partout ailleurs, et leurs langues ont eu le même sort.

Nous avons déjà contemplé ce jeu dans la Grèce continentale. Mais l’Italie surtout était réservée à devenir la grande impasse du globe. L’Espagne n’en approcha pas. Il y eut, dans cette dernière contrée, des tourbillonnements de peuples, mais de peuples grands et entiers quant au nombre, tandis qu’en Italie ce furent surtout des bandes hétérogènes qui se montrèrent et accoururent de toutes parts. De l’Italie on passa en Espagne, mais pour coloniser quelques points épars. D’Espagne on vint en Italie en masses diverses, comme on y venait de la Gaule, de l’Helvétie, des contrées du Danube, de l’Illyrie, comme on y vint de la Grèce continentale ou insulaire. Par la largeur de l’isthme qui la tient attachée au continent aussi bien que par le développement étendu de ses côtes de l’est et de l’ouest, l’Italie semblait convier toutes les nations européennes à se réfugier sur ses territoires d’un aspect si séduisant et d’un abord si facile. Il semble qu’aucune peuplade errante n’ait résisté à cet appel.

Quand furent achevés les temps donnés à la domination obscure des familles finnoises, les Rasènes se présentèrent, et, après eux, ces autres nations qui devaient former la première