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étrusque  ; de là, cette prédominance du culte et des croyances antiques sur la mythologie importée ; de là, en un mot, la persistance des aptitudes slaves. Le gros de la nation resta, sauf peu de différences, tel qu’il était avant la conquête. Comme cependant les vainqueurs se trouvèrent, malgré leurs concessions et leurs mélanges ultérieurs avec la population, marqués d’un cachet spécial dû à leur origine à demi asiatique, la fusion ne fut jamais complète, et des tiraillements nombreux préparèrent les révolutions et les déchirements.

Les Tyrrhéniens, que j’appellerai aussi, d’après leurs titres, les lars (1)[1], les lucumons, les nobles, car, ayant perdu l’usage de leur langue primitive, remplacée par l’idiome de leurs sujets, et s’étant assez mariés à ces derniers, ils ne constituèrent bientôt plus une nation à part, les nobles, dis-je, avaient conservé le goût des idées grecques, et, comme un moyen d’y satisfaire, Tarquinii était restée leur ville de prédilection (2)[2]. Cette cité servait de lien à des communications constantes avec les nations helléniques (3)[3]. On doit donc la considérer comme



(1) Ce mot n’appartenait pas à l’étrusque proprement dit. Soit qu’il ait été importé par les Tyrrhéniens eux-mêmes, soit que les anciennes alliances des Rasènes avec les Kymris italiotes l’eussent mis en usage avant l’arrivée des immigrants vainqueurs, ce mot était celtique ; c’est le larth que l’on retrouve dans le laird écossais, et le lord anglais. Il est assez curieux de voir les grands seigneurs de l’empire britannique glorifier encore la qualification que se donnait le larth Porsenna.

(2) Tarquinii, bâtie sur un rocher au bord de la Marta, n’était pas une ville maritime  ; mais Gravisæ, qui lui appartenait, lui servait de port. (Abeken, ouvr. cité, p. 36.) Longtemps après la chute de l’Étrurie comme nation indépendante, Tarquinii conservait encore une assez grande valeur pour fournir les flottes romaines de toiles à voile lors de la seconde guerre punique. (Liv., XXVIII, 45.)

(3) Ces relations étaient intimes, et Tite-Live a pu mettre en avant l’idée que la maison de Tarquin avait une origine hellénique. Ce roi même, au dire de l’historien, avait consulté, par députés, l’oracle de Delphes. — Abeken signale des traces nombreuses de l’influence assyrienne dans les vases, les peintures murales et les ornements des tombeaux à une époque où cette influence ne pouvait s’exercer que par l’intermédiaire des Hellènes. (Abeken, ouvr. cité, p. 274.) — Je ne parle pas des nombreuses productions égyptiennes que l’on rencontre dans les hypogées étrusques  ; elles appartiennent toutes à la

  1. (2) Tarquinii, bâtie sur un rocher au bord de la Marta, n’était pas une ville maritime  ; mais Gravisæ, qui lui appartenait, lui servait de port. (Abeken, ouvr. cité, p. 36.) Longtemps après la chute de l’Étrurie comme nation indépendante, Tarquinii conservait encore une assez grande valeur pour fournir les flottes romaines de toiles à voile lors de la seconde guerre punique. (Liv., XXVIII, 45.)
  2. (2) Tarquinii, bâtie sur un rocher au bord de la Marta, n’était pas une ville maritime  ; mais Gravisæ, qui lui appartenait, lui servait de port. (Abeken, ouvr. cité, p. 36.) Longtemps après la chute de l’Étrurie comme nation indépendante, Tarquinii conservait encore une assez grande valeur pour fournir les flottes romaines de toiles à voile lors de la seconde guerre punique. (Liv., XXVIII, 45.)
  3. (3) Ces relations étaient intimes, et Tite-Live a pu mettre en avant l’idée que la maison de Tarquin avait une origine hellénique. Ce roi même, au dire de l’historien, avait consulté, par députés, l’oracle de Delphes. — Abeken signale des traces nombreuses de l’influence assyrienne dans les vases, les peintures murales et les ornements des tombeaux à une époque où cette influence ne pouvait s’exercer que par l’intermédiaire des Hellènes. (Abeken, ouvr. cité, p. 274.) — Je ne parle pas des nombreuses productions égyptiennes que l’on rencontre dans les hypogées étrusques  ; elles appartiennent toutes à la période romaine avec les monuments qui les renferment. (Ibidem, p. 268. — Dennis, die Stædte und Begræbnisse Etruriens, t. I, p. XLII.)