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résistance aristocratique s’établit à Tarquinii, où le sang tyrrhénien avait conservé quelque force en gardant plus d’homogénéité. Le pays se partagea entre les deux partis. Il est même vraisemblable que chaque cité eut à la fois une majorité et une minorité au service de l’un et de l’autre. Ce qui occupait tout le nomen etruscum eut son retentissement naturel dans la colonie transtibérine, et Rome, obéissant aux raisons que j’ai déduites plus haut, prit fait et cause dans le mouvement.

On devine déjà pour quel ordre d’idées elle devait se prononcer. Le caractère de sa population répondit d’avance de ses sympathies libérales. Son sénat étrusque, d’ailleurs mêlé déjà de Sabins, n’était pas en état de contenir l’opinion générale dans le camp de Tarquinii (1)[1]. L’esprit ambitieux et ardent des Sicules, des Quirites et des Albains y parlait trop haut. La majorité se prononça donc pour les novateurs, et le roi Servius Tullius essaya de réaliser la révolution en acheminant Rome vers le régime des doctrines anti-aristocratiques.

La constitution servienne donna satisfaction à l’élément populaire, en appelant à un rôle politique tout ce qui pouvait porter les armes (2)[2]. On demandait, il est vrai, au membre de l’exercitus urbanus quelques conditions de fortune, mais non pas telles qu’elles constituassent une timocratie à la manière grecque. C’était plutôt un cens dans le genre de celui qui, au moyen âge, était exigé des bourgeois de plusieurs communes.

Le but n’était pas, dans ce dernier exemple, de créer chez le citoyen des garanties de puissance ou d’influence, mais seulement



Arretium, Volaterræ, Rusellæ et Clusium ; et ainsi s’expliquerait, pour le dernier de ces États, la promptitude avec laquelle son chef, le larth Porsenna, s’empressa de conclure la paix avec les Romains insurgés contre les Tarquiniens, après s’être laissé émouvoir à la commencer par un intérêt patriotique opposé à ses intérêts de parti. (Ouvr. cité, p. 24.) — Je remarquerai, en passant, que le nom de Volaterræ est latin ; les Étrusques appelaient cette ville Felathri, ce qui est beaucoup plus près du Velletri moderne. C’est un argument de plus en faveur de l’étude des anciens idiomes de l’Italie au moyen des dialectes locaux actuels.

(1) O. Muller, die Etrusker, p. 316.

(2) Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 252 et pass.


  1. (1) O. Muller, die Etrusker, p. 316.
  2. (2) Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 252 et pass.