Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On ne sait trop l’histoire des luttes ultérieures de ce parti dans le reste du territoire rasène. Il est cependant certain qu’il releva la tête après un temps d’abattement. Les causes ethniques qui l’avaient suscité ne pouvaient que devenir plus exigeantes à mesure que les races sujettes gagnaient en importance par l’extinction graduelle du sang tyrrhénien. Toutefois, la race rasène du fond national étant de valeur médiocre, il eût fallu beaucoup de temps pour que le résultat égalitaire s’opérât, même avec l’appoint des vaincus, Umbres, Samnites et autres. De sorte que la résistance aristocratique avait des chances de se prolonger indéfiniment dans les villes anciennes (1)[1].

Mais précisément l’inverse de cette situation se rencontrait à Rome. Outre que les nobles étrusques, natifs de la ville, même appuyés par les Tarquiniens, n’étaient qu’une minorité, ils avaient contre eux une population qui valait infiniment plus que la plèbe rasène. La compression ne pouvait être que difficilement maintenue. Les idées de révolution continuaient à prendre un développement irrésistible en s’appuyant sur les idées d’indépendance, et, un jour ou l’autre, inévitablement, Rome allait secouer le joug. Si, par un coup du sort, Populonia, Pise ou toute autre ville étrusque, possédant jusqu’au fond de ses entrailles non seulement du sang tyrrhénien, mais surtout du sang rasène, avait réussi dans sa campagne contre les idées aristocratiques, l’usage que la cité victorieuse aurait fait de son triomphe se serait borné à changer sa constitution politique intérieure, et, du reste, elle serait restée fidèle à sa race en ne se séparant pas de la partie collective, en continuant à tenir au nomen etruscum.

Rome n’avait, elle, aucun motif pour s’arrêter à ce point.



(1) C’est ce qui fut en effet, et, même au temps de la guerre d’Annibal, le gouvernement de la plupart des cités étrusques était resté entier dans les mains de la noblesse, non pas toutefois sans résistances. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 81.) Volsinii, la ville démocratique par excellence, réussit à maintenir une administration révolutionnaire entre les mains de la plèbe, depuis la campagne de Pyrrhus jusqu’à la première guerre punique. (Ouvr. cité, t. I, p. 82.)

  1. (1) C’est ce qui fut en effet, et, même au temps de la guerre d’Annibal, le gouvernement de la plupart des cités étrusques était resté entier dans les mains de la noblesse, non pas toutefois sans résistances. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 81.) Volsinii, la ville démocratique par excellence, réussit à maintenir une administration révolutionnaire entre les mains de la plèbe, depuis la campagne de Pyrrhus jusqu’à la première guerre punique. (Ouvr. cité, t. I, p. 82.)