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de l’Asie et du nord de l’Afrique, étant les mêmes que ceux dont Rome disposa plus tard, le résultat final serait demeuré identique. Seulement la civilisation y aurait gagné de se développer plus tôt.

Il ne faut pas se le dissimuler : le premier effet de l’expulsion des Tarquiniens fut d’abaisser considérablement le niveau social dans l’ingrate cité (1)[1].

Qui possédait la science sous toutes formes, politique, judiciaire, militaire, religieuse, augurale ? Les nobles étrusques, et presque personne avec eux. C’étaient eux qui avaient dirigé ces grandes constructions de la Rome royale dont plusieurs survivent encore, et qui dépassaient de si loin tout ce qu’on pouvait voir dans les capitales rustiques des autres nations italiotes. C’étaient eux qui avaient élevé les temples admirés du premier âge, eux encore qui avaient fourni le rituel indispensable pour l’adoration des dieux. On en tombait si bien d’accord que, sans eux, la Rome républicaine ne pouvait ni construire, ni juger, ni prier. Pour cette dernière et importante fonction de la vie domestique autant que sociale, leur concours resta toujours tellement nécessaire que, même sous les empereurs, quand depuis longtemps il n’y avait plus d’Étrurie, quand depuis des siècles les Romains, absorbés par les idées grecques, n’apprenaient plus même la langue, organe vénérable de l’ancienne civilisation, il fallait encore, pour maints emplois du sanctuaire, se confier à des prêtres que la Toscane instruisait seule (2)[2]. Mais, au dernier moment, il ne s’agissait que de rites ;



(1) O. Muller, die Etrusker, p. 259. — Les possessions de Rome s’arrêtaient à ce moment au Janicule. Elle avait perdu tout le reste. Servius avait partagé le peuple en trente tribus ; il n’en restait plus que vingt en 271 de la ville. (Abeken, ouvr. cité, p. 25.)

(2) Tac., Ann., XI, 15 : « Retulit (Claudins) deinde ad senatum super collegio aruspicum ne vetustissima Italiæ disciplina per desidiam exolesceret : sæpe adversis reipublicæ temporibus accitos, quorum monitu redintegratas cærimonias et in posterum rectius habitas ; primoresque Etruriæ, sponte aut patrum romanorum impulsu retinuisse scientiam aut in familias propagasse ; quod nunc segnius fieri, publica circa bonas artes socordia et quia externæ superstitiones valescant : et læta quidam in præsens omnia ; sed benignitati

  1. (1) O. Muller, die Etrusker, p. 259. — Les possessions de Rome s’arrêtaient à ce moment au Janicule. Elle avait perdu tout le reste. Servius avait partagé le peuple en trente tribus  ; il n’en restait plus que vingt en 271 de la ville. (Abeken, ouvr. cité, p. 25.)
  2. (2) Tac., Ann., XI, 15 : « Retulit (Claudins) deinde ad senatum super collegio aruspicum ne vetustissima Italiæ disciplina per desidiam exolesceret : sæpe adversis reipublicæ temporibus accitos, quorum monitu redintegratas cærimonias et in posterum rectius habitas ; primoresque Etruriæ, sponte aut patrum romanorum impulsu retinuisse scientiam aut in familias propagasse ; quod nunc segnius fieri, publica circa bonas artes socordia et quia externæ superstitiones valescant : et læta quidam in præsens omnia ; sed benignitati deum gratiam referendam, ne ritus sacrorum, inter ambigua culti, per prospera oblitarentur. — Factum ex eo senatusconsultum, viderent pontifices quæ retinenda firmandaque aruspicum. »