Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/236

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sous la Rome républicaine, il s’agissait de tout. En chassant les fondateurs de l’État, on arracha les éléments les plus essentiels de la vie publique, et on n’eut d’autre ressource, après s’être assez félicité de la liberté acquise, que de s’accommoder de la misère et d’en faire l’éloge sous le nom de vertu austère. Au lieu des riches étoffes dont s’étaient habillés les seigneurs de la Rome royale, les patriciens de la Rome républicaine s’enveloppèrent dans de grossiers sayons. Au lieu de belles poteries, de plats de métal, entassés sur les tables, et pleins d’une nourriture somptueuse, ils n’eurent plus qu’une rude vaisselle, mal fabriquée par eux-mêmes, où ils s’offrirent leurs pois chiches et du lard. En place de maisons bien ornées (1)[1], ils durent se contenter de métairies sauvages, où, parmi les porcs et les poules, vivaient les consuls et les sénateurs qui se louaient judicieusement d’une pareille vie, faute de pouvoir l’échanger contre une meilleure. Bref, pour faire comprendre, par un seul trait, combien la Rome républicaine était au-dessous de son aînée, qu’on se rappelle que, lorsque, après l’invasion des Gaulois, la ville incendiée fut rétablie par Camille, on avait si bien oublié les nécessités d’une grande capitale, que l’on rebâtit les maisons au hasard, et sans tenir aucun compte de la direction des égouts construits par les fondateurs. On ne savait plus même l’existence de la cloaca maxima (2)[2]. C’est que, grâce à ces mœurs farouches, si admirées depuis, les Romains de cette époque étaient fort au-dessous de leurs pères, et tout autant que leur bourg l’était de la ville régulière fondée jadis par la noblesse étrusque.

Voilà cependant la civilisation partie avec le bagage des Tarquiniens. Eut-on au moins la liberté, je dis cette liberté dont



deum gratiam referendam, ne ritus sacrorum, inter ambigua culti, per prospera oblitarentur. — Factum ex eo senatusconsultum, viderent pontifices quæ retinenda firmandaque aruspicum. »

(1) Un des griefs les plus violents de la population romaine contre Tarquin le Superbe était qu’il employait la plèbe à construire des palais, des temples et des portiques afin d’embellir la ville. (Dionys. Halic., Antiq. Rom., 4, XLIV, LXI, etc.)

(2) O. Muller, die Etrusker, p. 259.

  1. (1) Un des griefs les plus violents de la population romaine contre Tarquin le Superbe était qu’il employait la plèbe à construire des palais, des temples et des portiques afin d’embellir la ville. (Dionys. Halic., Antiq. Rom., 4, XLIV, LXI, etc.)
  2. (2) O. Muller, die Etrusker, p. 259.