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n’y avait pas, dans la Rome républicaine, deux races placées sous des rapports inégaux, mais uniquement un groupe plus nombreux que les autres. Ce genre de hiérarchie était de nature à disparaître assez promptement. La défaite du patriciat romain ne fut donc pas une révolution anormale et violant les lois ethniques, mais un fait malheureux et inopportun, comme l’est constamment la chute d’une aristocratie.

La lutte des partis grecs tourna constamment autour des théories extrêmes. Les riches d’Athènes ne tendaient qu’à gouverner eux-mêmes, qu’à absorber les avantages de l’autorité ; le peuple d’Athènes ne visait qu’à la dilapidation des caisses publiques par les mains de l’écume démocratique. Quant aux gens impartiaux, ils imaginaient des doctrines toutes littéraires, toutes d’imagination, et voulaient solidifier des rêves pour corriger des faits. Dans tous les partis, à tous les points de vue, on ne désirait que table rase, et la tradition, l’histoire ne comptaient pour rien sur un sol où le sentiment du respect était absolument inconnu.

On n’aurait aucun droit à s’en étonner. Avec l’égrenage ethnique qui faisait le fond de la société athénienne, avec cette dissolution complète de la race qui réunissait, sans avoir jamais pu les fondre, les éléments les plus divers, avec cette prédominance, surtout, de l’élément spirituel, mais insensé, des Sémites, c’était bien là ce qui devait arriver. Une seule chose surnageait au milieu de l’anarchie des notions politiques, l’absolutisme du pouvoir incarné dans le mot de patrie.

Mais à Rome il en fut très différemment, et les partis eurent nécessairement d’autres allures. Les races étaient surtout utilitaires. Elles possédaient un sens pratique étranger à l’imagination grecque, et toutes comprenaient, à travers les passions engagées dans la défense de ce qu’on supposait le vrai bien de l’État, une égale horreur pour l’anarchie. C’est ce sentiment qui les rejeta bien souvent dans la ressource extrême de la dictature ; car nativement, il faut le reconnaître, elles étaient sincères, et beaucoup plus que les Grecs, quand elles protestaient de leur haine pour la tyrannie. Métisses de blanc et de jaune, elles avaient le goût de la liberté, et, malgré