Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/294

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sérieux. Les gouvernés n’étaient engagés à rien avec les gouvernants : faut-il donc accuser le chef, la tête de l’empire, de l’impuissance du corps (1)[1] ? Ses défauts, ses vices, ses faiblesses, ses cruautés, ses oppressions, ses défaillances, et, de nouveau, ses enivrements furieux de domination, ses efforts insensés pour faire descendre le ciel sur la terre, et le mettre sous les pieds de son pouvoir que personne n’imaginait jamais assez énorme, assez divinisé, entouré d’assez de prestige, assez obéi, qui, avec tout cela, ne pouvait parvenir à se donner simplement l’hérédité, toutes ces folies ne provenaient d’autre chose que de l’épouvantable anarchie ethnique dominant cette société de décombres.

Les mots sont aussi impuissants à la rendre que la pensée à se la figurer. Essayons pourtant d’en prendre une idée en récapitulant à grands traits les principaux, seulement les principaux alliages auxquels avaient abouti les décadences assyrienne, égyptienne, grecque, celtique, carthaginoise, étrusque, et les colonisations de l’Espagne, de la Gaule et de l’Illyrie ; car c’est bien de tous ces détritus que l’empire romain était formé. Qu’on se rappelle que dans chacun des centres que j’indique il y avait déjà des fusions presque innombrables. Qu’on ne perde pas de vue que, si la première alliance du noir et du blanc avait donné le type chamitique, l’individualité des Sémites, des plus anciens Sémites, avait résulté de ce triple hymen noir, blanc et encore blanc, d’où était sortie une race spéciale ; que cette race, prenant un autre apport d’éléments noir, ou blanc, ou jaune, s’était, dans la partie atteinte, modifiée de manière à former une nouvelle combinaison. Ainsi à l’infini ; de sorte que l’espèce humaine, soumise à une telle variabilité de combinaisons, ne s’était plus trouvée séparée en catégories distinctes. Elle l’était désormais par groupes juxtaposés, dont l’économie



(1) « Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite. De longues réflexions et une longue expérience, payée bien cher, m’ont convaincu de cette vérité comme d’une proposition de mathématiques. Toute loi est donc inutile et même funeste (quelque excellente qu’elle puisse être en elle-même), si la nation n’est pas digne de la loi et faite pour la loi. » (Le comte de Maistre, Lettres et opuscules inédits, t. I, p. 215.)

  1. (1) « Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite. De longues réflexions et une longue expérience, payée bien cher, m’ont convaincu de cette vérité comme d’une proposition de mathématiques. Toute loi est donc inutile et même funeste (quelque excellente qu’elle puisse être en elle-même), si la nation n’est pas digne de la loi et faite pour la loi. » (Le comte de Maistre, Lettres et opuscules inédits, t. I, p. 215.)