Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/369

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contribuent à donner aux invasions des IVe et Ve siècles cette apparence fiévreuse et tourmentée qui n’est pas une des moindres causes de leur grandeur. Il faudrait, pour bien faire, se représenter vivement et dans un incessant tumulte ces myriades de tribus, d’armées, de bandes en expédition, qui, poussées par les causes les plus diverses, tantôt la pression des nations rivales, tantôt le surcroît de population, ici la famine, là une ambition subitement éveillée, d’autres fois le simple amour de la gloire et du butin, se mettaient en marche, et, secondées par la victoire, déterminaient de proche en proche les plus terribles ébranlements (1)[1]. Depuis la mer Noire, depuis la Caspienne jusqu’à l’océan Atlantique, tout s’agitait. Le fond celtique et slave des populations rurales débordait incessamment d’un pays sur l’autre, emporté par l’impétuosité ariane ; et, au milieu de mille cohues, les cavaliers mongols d’Attila et de ses alliés, se faisant jour au travers de ces forêts d’épées et de ces troupeaux effarés de laboureurs, y traçaient dans tous les sens d’ineffaçables sillons. C’était un désordre extrême. Si à la surface apparaissaient de grandes causes de régénération, dans les profondeurs tombaient de nouveaux éléments ethniques d’abaissement et de ruine que l’avenir allait avoir beau jeu à développer.

Résumons maintenant l’ensemble des mouvements arians en Europe, je dis des mouvements qui aboutirent à la formation des groupes germaniques et à la descente de ceux-ci sur les frontières de l’empire romain. Vers le VIIIe siècle avant notre ère, les tribus sarmates roxolanes se dirigent vers les plaines du Volga. Au IVe, elles occupent la Scandinavie et quelques points de la côte baltique vers le sud-est. Au IIIe, elles commencent à refluer en deux directions vers les contrées moyennes du continent. Dans la région occidentale, leurs

(1) De ce nombre sont les Astings, les Scyrres, les Ruges, les Gépides et surtout les Hérules. Tous ces groupes, qui de même que les gens d’Arioviste, constituaient plutôt des armées, ou même des bandes en expédition, que des peuples à la recherche d’un gîte, retournaient, très souvent dans le Nord après avoir beaucoup épouvanté le Sud. (Munch, p. 44.)


  1. (1) De ce nombre sont les Astings, les Scyrres, les Ruges, les Gépides et surtout les Hérules. Tous ces groupes, qui de même que les gens d’Arioviste, constituaient plutôt des armées, ou même des bandes en expédition, que des peuples à la recherche d’un gîte, retournaient, très souvent dans le Nord après avoir beaucoup épouvanté le Sud. (Munch, p. 44.)