Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/398

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des matériaux (1)[1]. Et après tant de siècles écoulés depuis que l’Arian Roxolan avait perdu de vue les frères qu’il avait quittés dans la Bactriane et peut-être même beaucoup plus haut dans le nord, après tant de siècles de voyages poursuivis par lui à travers tant de contrées, et, ce qui est plus remarquable encore, après tant d’années passées à n’avoir, dit-on, pour abri que le toit de son chariot, il avait si fidèlement conservé les instincts et les notions primitives de la culture propre à sa race, que l’on vit se mirer dans les eaux du Sund, et plus tard dans celles de la Somme, de la Meuse et de la Marne, des monuments construits d’après les mêmes données et pour les mêmes mœurs que ceux dont la Caspienne et même l’Euphrate avaient reflété les magnificences (2)[2].


tal au sommet des murs, ni les plaques argentées et dorées pour former la toiture. Ce genre de construction, opposé à celui de Persépolis et des villes de l’époque sassanide, qui sont, l’un et l’autre, des imitations assyriennes, est essentiellement arian. (Polybe, X, 24, S7.) — Cet auteur était tellement ébloui de la splendeur, de la richesse et de l’étendue (sept stades de tour) du palais d’Ecbatane, qu’il proteste d’avance contre ce que son récit peut avoir de semblable au fabuleux.

(1) Le palais d’Ecbatane était entièrement construit en bois de cyprès et de cèdre, et toutes les chambres étaient peintes, dorées et argentées. (Polybe, loc. cit.) — Ritter fait la remarque très juste que les palais persans de l’époque moderne se rapprochent beaucoup de ce style. (West-Asien, t. VI, 2e Abth., p. 108.) J’ajouterai les palais chinois.

(2) Cette réunion de bâtiments agglomérés, que nous ne savons, dans notre langage romano-celtique, autrement nommer que du mot ferme, et qui éveille ainsi pour nous une idée fausse, est ce que les Allemands nomment très justement hof. Cette expression s’applique à toute résidence patrimoniale héréditaire, à celle des rois comme à celle des nobles et même des paysans. C’est exactement le mot persan .« VN ivan, qui se rapporte à la même racine et présente absolument le même sens partout où Firdousi l’emploie, comme, par exemple, dans ce vers :

Vous êtes en sûreté dans mon ivan. »

Du reste, le poème de Firdousi, à part le placage musulman, et dans ses éléments primitifs, peut être considéré, pour les mœurs, les caractères, les actions qu’il célèbre, comme étant par excellence un poème germanique.


  1. (1) Le palais d’Ecbatane était entièrement construit en bois de cyprès et de cèdre, et toutes les chambres étaient peintes, dorées et argentées. (Polybe, loc. cit.) — Ritter fait la remarque très juste que les palais persans de l’époque moderne se rapprochent beaucoup de ce style. (West-Asien, t. VI, 2e Abth., p. 108.) J’ajouterai les palais chinois.
  2. (2) Cette réunion de bâtiments agglomérés, que nous ne savons, dans notre langage romano-celtique, autrement nommer que du mot ferme, et qui éveille ainsi pour nous une idée fausse, est ce que les Allemands nomment très justement hof. Cette expression s’applique à toute résidence patrimoniale héréditaire, à celle des rois comme à celle des nobles et même des paysans. C’est exactement le mot persan ivan, qui se rapporte à la même racine et présente absolument le même sens partout où Firdousi l’emploie, comme, par exemple, dans ce vers :
    « Vous êtes en sûreté dans mon ivan. »
    Du reste, le poème de Firdousi, à part le placage musulman, et dans ses éléments primitifs, peut être considéré, pour les mœurs, les caractères, les actions qu’il célèbre, comme étant par excellence un poème germanique.