Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/454

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celtique avait le dessus sans être aussi complètement libre d’alliage qu’on le pense communément.

Au delà de la haute Seine et dans les contrées qui se succédaient jusqu’à l’embouchure du Rhin d’un côté, de l’autre jusqu’au Mein et jusqu’au Danube, avec la Hongrie pour frontière à l’orient, s’aggloméraient des multitudes où les éléments germaniques exerçaient une prépondérance plus incontestée, mais non pas uniforme. La partie d’entre la Seine et la Somme appartenait à des Franks considérablement celtisés, avec une proportion relativement médiocre d’alliage romain sémitisé. Le pays riverain de la mer avait gardé, peut-être repris le nom kymrique de Picardaich. Dans l’intérieur des terres, les Gallo-Romains mêlés aux Franks neustriens se distinguaient à peine de leurs voisins du sud et de l’est ; ils étaient cependant un peu moins énergiquement constitués que ces derniers, et surtout que ceux du nord. Plus on se rapprochait du Rhin et ensuite s’enfonçait dans la direction des anciennes limites décumates, plus on se trouvait entouré de véritables Franks de la branche austrasienne, où l’ancien sang germanique existait à son plus haut degré de verdeur. On était arrivé à son foyer. Aussi peut-on reconnaître bien aisément, en interrogeant les récits de l’histoire, que là était le cerveau, le cœur et la moelle de l’empire, que là résidait la force, que là se décidaient les destinées. Tout événement qui ne s’était pas préparé sur le Rhin moyen, ou dans les environs, n’avait et ne pouvait avoir qu’une portée locale assez peu riche en conséquences.

En remontant le fleuve dans la direction de Bâle, les masses germaniques, revenant à se celtiser davantage, se rapprochaient du type bourguignon ; à l’est, le mélange gallo-romain se compliquait, dès la Bavière, de nuances slaves qui allaient se renforçant jusqu’aux confins de la Hongrie et de la Bohême, où, devenant plus marquées, elles finissaient par prendre le dessus, et formaient alors la transition entre les nations de l’occident et les peuples du nord-est et du sud-est jusqu’à la région byzantine.

Les groupes occidentaux devaient ainsi à l’élément teutonique, qui les animait tous à des degrés divers, une force