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CHAPITRE V.

Dernières migrations arianes-scandinaves.

Tandis que les grandes nations sorties de la Scandinavie après le Ier siècle de notre ère gravitaient successivement vers le sud, les masses encore considérables qui étaient demeurées dans la péninsule ou aux environs étaient loin de se vouer au repos. On doit les distinguer en deux grandes fractions : celle que produisit la confédération anglo-saxonne ; puis un autre amas dont les émissions furent plus indépendantes les unes des autres, commencèrent plus tôt, finirent plus tard, allèrent beaucoup plus loin, et auquel il convient de donner la qualification de normand, que les hommes qui le composaient s’attribuaient à eux-mêmes.

Bien que, depuis le Ie siècle avant Jésus-Christ jusqu’au Ve, l’action de ces deux groupes se soit fait sentir à plusieurs reprises jusque dans les régions romaines, il n’y a pas lieu, sur ce terrain, d’en parler avec détail ; cette action s’y confond, de toutes manières, avec celle des autres peuples germaniques. Mais, après le Ve siècle, les conséquences de la domination d’Attila mirent fin à ces rapports antiques, ou du moins les relâchèrent très sensiblement[1]. Des multitudes slaves, entraînées par les convulsions ethniques dont les Teutons et les Huns étaient les principaux agents, furent jetées entre les pays Scandinaves et l’Europe méridionale, et c’est de ce moment seul que l’on peut faire dater la personnalité distincte des habitants arians de l’extrême nord de notre continent.

Ces Slaves, victimes encore une fois des catastrophes qui agitaient les races supérieures, arrivèrent dans les contrées connues de leurs ancêtres, il y avait déjà bien des siècles ;

  1. Schaffarik, Slawiche Allerth., t. I, p. 326 et seqq. — Amédée Thierry, Revue des Deux-Mondes, 1er décembre 1832, pass. On ne saurait trop louer cette belle appréciation de la confédération hunnique.