Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans ce centre subsistent les dernières épaves de l’élément arian, bien défigurées, bien dénudées, bien flétries sans doute, mais non pas encore tout à fait vaincues. C’est aussi là que bat le cœur de la société, et par suite de la civilisation moderne. Cette situation n’a jamais été analysée, expliquée, ni comprise jusqu’à présent ; néanmoins elle est vivement sentie par l’intelligence générale. Elle l’est si bien que beaucoup d’esprits en font instinctivement le point de départ de leurs spéculations sur l’avenir. Ils prévoient le jour où les glaces de la mort auront saisi les contrées qui nous semblent les plus favorisées, les plus florissantes  ; et, supposant même peut-être cette catastrophe plus prochaine qu’elle ne le sera, ils cherchent de là le lieu de refuge où l’humanité pourra, suivant leur désir, reprendre un nouveau lustre avec une nouvelle vie. Les succès actuels d’un des États situés en Amérique leur semblent présager cette ère si nécessaire. Le monde de l’ouest, voilà la scène immense sur laquelle ils imaginent que vont éclore des nations qui, héritant de l’expérience de toutes les civilisations passées, en enrichiront la nôtre et accompliront des œuvres que le monde n’a pu encore que rêver.

Examinons cette donnée avec tout l’intérêt qu’elle comporte. Nous allons trouver, dans l’examen approfondi des races diverses qui peuplent et ont peuplé les régions américaines, les motifs les plus décisifs de l’admettre ou de la rejeter.


CHAPITRE VII.

Les indigènes américains.

En 1829, Cuvier ne se trouvait pas suffisamment informé pour émettre une opinion sur la nature ethnique des nations


n’échappent à une disparition, pour ainsi dire, instantanée, que grâce à l’inaction dans laquelle ils se maintiennent, et qui les défend heureusement de tout contact.