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C’est ainsi que les races aborigènes du nouveau continent ont pu s’enrichir de quelques apports du sang des blancs, et que celles qui possédèrent au milieu d’elles des métis islandais ou des métis Scandinaves se virent douées du pouvoir de créer des civilisations, tâche glorieuse à laquelle leurs congénères moins heureux étaient nativement et restèrent à perpétuité inhabiles. Mais, comme l’affluent ou les affluents d’essence noble mis en circulation dans les masses malaises étaient trop faibles pour produire rien de vaste ni de durable, les sociétés qui en résultèrent furent peu nombreuses, et surtout très imparfaites, très fragiles, très éphémères, et, à mesure qu’elles se succédèrent, moins intelligentes, moins marquées au sceau de l’élément dont elles étaient issues, de telle sorte que, si la découverte nouvelle de l’Amérique par Christophe Colomb, au lieu de s’accomplir au XVe siècle, n’avait été réalisée qu’au XIXe, nos marins n’auraient vraisemblablement trouvé ni Mexico, ni Cuzco, ni temples du Soleil, mais des forêts partout, et dans ces forêts des ruines hantées par les mêmes sauvages qui les traversent aujourd’hui (1)[1].

ou région méridionale de la terre habitée. Cette carte a été publiée déjà dans plusieurs occasions. Elle n’est pas d’ailleurs unique, et démontre que les Islandais attribuaient une très grande étendue vers le sud au continent américain : donc ils ne s’étaient pas bornés à en visiter l’hémisphère boréal.

(1) A. de Humboldt, ouvr. cité, t. I. — L’illustre auteur place l’état de civilisation, connue des Aztèques et des Incas entre l’époque des expéditions Scandinaves et le XVe siècle. Ces deux suprêmes efforts de la sociabilité américaine étaient, suivant lui, fort débiles et très inférieurs à ceux qui les avaient précédés d’environ cinq cents ans en moyenne. C’est ici le lieu de dire quelques mots d’une hypothèse très répandue et très admissible qui attribue aux populations de l’Asie orientale, Chinois et Japonais, une grande influence sur la naissance des civilisations de l’ancien continent. A. de Humboldt (Vue des Cordillères), Prescott, dans son troisième volume de son histoire de la conquête du Mexique, Norton et la plupart des archéologues actuels, ou appuient fortement ou discutent à peine la possibilité des faits. Rien de plus naturel, en effet, que des communications fortuites ou même préméditées aient eu lieu de ce côté, et on démontrera peut-être un jour d’une manière satisfaisante que le pays de Fon-dang, cité par quelques écrivains chinois comme existant à l’ouest, n’est autre


  1. (1) A. de Humboldt, ouvr. cité, t. I. — L’illustre auteur place l’état de civilisation, connue des Aztèques et des Incas entre l’époque des expéditions Scandinaves et le XVe siècle. Ces deux suprêmes efforts de la sociabilité américaine étaient, suivant lui, fort débiles et très inférieurs à ceux qui les avaient précédés d’environ cinq cents ans en moyenne. C’est ici le lieu de dire quelques mots d’une hypothèse très répandue et très admissible qui attribue aux populations de l’Asie orientale, Chinois et Japonais, une grande influence sur la naissance des civilisations de l’ancien continent. A. de Humboldt (Vue des Cordillères), Prescott, dans son troisième volume de son histoire de la conquête du Mexique, Norton et la plupart des archéologues actuels, ou appuient fortement ou discutent à peine la possibilité des faits. Rien de plus naturel, en effet, que des communications fortuites ou même préméditées aient eu lieu de ce côté, et on démontrera peut-être un jour d’une manière satisfaisante que le pays de Fon-dang, cité par quelques écrivains chinois comme existant à l’ouest, n’est autre que le continent d’Amérique. Je n’ai pas cru devoir cependant rattacher directement mes démonstrations à ce système, le considérant comme susceptible, pour ce qui a trait au Japon, de développements très considérables qu’il est dangereux de prévenir. Lorsque le fait sera établi, il en résultera que l’Amérique, outre ce qu’elle a reçu des Scandinaves, a encore recueilli par l’intermédiaire d’aventuriers malais, faiblement arianisés, une petite portion de plus d’essence noble. Aucun des principes posés ici n’en sera ébranlé.