Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/544

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précédemment de la prépondérance morale des États du nord de l’Amérique vis-à-vis des autres corps politiques du même continent ; mais en ce qui concerne la situation de la république de Washington vis-à-vis de l’Europe, il en est tout autrement.

La descendance anglo-saxonne des anciens colons anglais ne compose plus la majeure partie des habitants de la contrée, et, pour peu que le mouvement qui pousse chaque année les Irlandais et les Allemands, par centaines de mille, sur le sol américain se soutienne encore quelque temps, avant la fin du siècle, la race nationale sera en partie éteinte. Du reste, elle est déjà fortement affaiblie par les mélanges. Elle continuera sans doute quelque temps encore à donner l’apparence de l’impulsion ; puis cette apparence s’effacera, et l’empire sera tout à fait aux mains d’une famille mixte, où l’élément anglo-saxon ne jouera plus qu’un rôle des plus subordonnés. Je remarquerai incidemment que déjà le gros de la variété primitive s’éloigne des côtes de la mer, et s’enfonce dans l’ouest, où le genre de vie convient mieux à son activité et à son courage aventureux.

Mais les nouveaux arrivés, que sont-ils ? Ils représentent les échantillons les plus variés de ces races de la vieille Europe dont il y a le moins à attendre. Ce sont les produits du détritus de tous les temps : des Irlandais, des Allemands, tant de fois métis, quelques Français qui ne le sont pas moins, des Italiens qui les surpassent tous. La réunion de tous ces types dégénérés donne et donnera nécessairement la naissance à de nouveaux désordres ethniques ; ces désordres n’ont rien d’inattendu, rien de nouveau ; ils ne produiront aucune combinaison qui ne se soit réalisée déjà ou ne puisse l’être sur notre continent. Pas un élément fécond ne saurait s’en dégager, et même le jour où des produits résultant de séries indéfiniment combinées entre des Allemands, des Irlandais, des Italiens, des Français et des Anglo-Saxons, iront par surcroît se réunir, s’amalgamer dans le sud avec le sang composé d’essence indienne, nègre, espagnole et portugaise qui y réside, il n’y a pas moyen de s’imaginer que d’une si horrible confusion il résulte autre chose que la juxtaposition incohérente des êtres les plus dégradés.