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reproduction des statues consacrées à Tyr et à Sidon. Rien n’indique que le fameux coffre de Cypsélus fût d’un travail différent ; du moins, les restitutions proposées par la critique moderne ne me paraissent pas rappeler quelque chose d’excellent. Pour trouver la révolution artistique qui créa l’originalité grecque, force est de descendre jusqu’à l’époque de Phidias, qui, le premier, sortit des données, soit du grand goût assyrien, retrouvé chez les Éginètes, et pratiqué dans toute la Grèce, soit des dégénérations de cet art en usage sur la côte phénicienne.

Or, Phidias termina la Minerve du Parthénon l’an 438 avant J.-C. Son école commençait avec lui, et le système ancien se perpétuait à ses côtés. Ainsi, l’art grec fut simplement l’art sémitique jusqu’à l’ami de Périclès, et ne forma vraiment une branche spéciale qu’avec cet artiste. Par conséquent, depuis le commencement du VIIe siècle jusqu’au Ve, il n’y eut pas d’originalité, et le génie national proprement dit n’exista que depuis l’an 420 environ jusqu’à l’an 322, époque de la mort d’Aristote. Il va sans dire que ces dates sont vagues, et je ne les prends que pour enfermer tout le mouvement intellectuel, celui des lettres, comme celui des arts, dans un seul raisonnement. Aussi me montré-je plus généreux que de raison. Cependant, quoi que je fasse, il n’y a de l’an 420, où travaillait Phidias, à l’an 322, où mourut le précepteur d’Alexandre, qu’un espace de cent ans.

Le bel âge ne dura donc qu’un éclair, et s’intercala dans un court moment où l’équilibre fut parfait entre les principes constitutifs du sang national. L’heure une fois passée, il n’y eut plus de virtualité créatrice, mais seulement une imitation souvent heureuse, toujours servile, d’un passé qui ne ressuscita pas.

Je semble négliger absolument la meilleure part de la gloire hellénique, en laissant en dehors de ces calculs l’ère des épopées. Elle est antérieure à Archiloque, puisque Homère vécut au Xe siècle.

Je n’oublie rien. Cependant je n’infirme pas non plus mon raisonnement, et je répète que la grande période de gloire