Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/564

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disputent le terrain aux Hymyarites Arabes, débarquent à Ceylan, colonisent Java, Bali, continuent à se mêler aux Malais d’outre-Gange. Les Chinois se marient aux peuples de la Corée, du Japon ; ils touchent aux Philippines, tandis que les métis noirs et jaunes, formés sur toute la Polynésie et faiblement impressionnés par les civilisations qu’ils aperçoivent, font circuler depuis Madagascar jusqu’en Amérique le peu qu’ils en peuvent comprendre.

Quant aux populations reléguées dans le monde occidental, quant aux blancs d’Europe, les Ibères, les Rasènes, les Illyriens, les Celtes, les Slaves, ils sont déjà affectés par des alliages finniques. Ils continuent à s’assimiler les tribus jaunes répandues autour de leurs établissements ; puis, entre eux, ils se marient encore, et encore aux Hellènes, métis sémitisés, accourus de toutes parts sur leurs côtes.

Ainsi mélange, mélange partout, toujours mélange, voilà l’œuvre la plus claire, la plus assurée, la plus durable des grandes sociétés et des puissantes civilisations, celle qui, à coup sûr, leur survit ; et plus les premières ont d’étendue territoriale et les secondes de génie conquérant, plus loin les flots ethniques qu’elles soulèvent vont saisir d’autres flots primitivement étrangers, ce dont leur nature et la sienne s’altèrent également.

Mais, pour que ce grand mouvement de fusion générale embrasse jusqu’aux dernières races du globe et n’en laisse pas une seule intacte, ce n’est pas assez qu’un milieu civilisateur déploie toute l’énergie dont il est pourvu  ; il faut encore que dans les différentes régions du monde ces ateliers ethniques s’établissent de manière à agir sur place, sans quoi l’œuvre générale resterait nécessairement incomplète. La force négative des distances paralyserait l’expansion des groupes les plus actifs. La Chine et l’Europe n’exercent l’une sur l’autre qu’une faible action, bien que le monde slave leur serve d’intermédiaire. L’Inde n’a jamais influé fortement sur l’Afrique, ni l’Assyrie sur le Nord asiatique ; et, dans le cas où les sociétés auraient à jamais conservé les mêmes foyers, jamais l’Europe n’aurait pu être directement et suffisamment saisie, ni tout à