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J’ai parlé des nuances persistant au sein de l’unité négative des Asiatiques et des hellénisants : de là, deux mouvements en sens contraire qui venaient encore augmenter l’anarchie de cette société. Personne n’étant fort, personne ne triomphait exclusivement. Il fallait se contenter du règne toujours chancelant, toujours renversé, toujours relevé d’un compromis aussi indispensable qu’infécond. La monarchie unique était impossible, parce qu’aucune race n’était de taille à la vivifier et à la faire durer. Il n’était pas moins impraticable de créer des États multiples, vivant d’une vie propre. La nationalité ne se manifestait en aucun lieu d’une façon assez tranchée pour être précise. On s’accommodait donc de refontes perpétuelles de territoire ; on avait l’instabilité, et non le mouvement. Il n’y eut guère que deux courtes exceptions à cette règle : l’une causée par l’invasion des Galates ; la seconde par l’établissement d’un peuple plus important, les Parthes (1)[1], nation ariane mêlée de jaune, qui, sémitisée de bonne heure comme ses prédécesseurs, s’enfonça à son tour dans les masses hétérogènes.

En somme, cependant, les Galates et les Parthes étaient trop peu nombreux pour modifier longtemps la situation de l’Asie. Si une action plus vive de la puissance blanche n’avait pas dû se manifester, c’en était fait déjà, à cette époque, de l’avenir intellectuel du monde, de sa civilisation et de sa gloire. Tandis que l’anarchie s’établissait à demeure dans l’Asie antérieure, préludant avec une force irrésistible aux dernières conséquences de l’abâtardissement final, l’Inde allait de son côté, quoique avec une lenteur et une résistance sans pareilles, au-devant de la même destinée. La Chine seule continuait sa marche



(1) Ils parlaient le pehlvi et y substituèrent ensuite le parsi, où affluèrent un plus grand nombre de racines sémitiques, résultant du long séjour des Arsacides à Ctésiphon et à Séleucie. Suivant Justin, le fond original est scythique ; mais les Scythes parlaient un dialecte arian. Le Mahabharata connaît les Parthes, qu’il nomme Parada. Il les allie aux Saka (Sacæ), certainement Mongols. Les Parthes donnent, par leur comparaison ethnique, une assez juste idée de ce que devaient être plusieurs races touraniennes.

  1. (1) Ils parlaient le pehlvi et y substituèrent ensuite le parsi, où affluèrent un plus grand nombre de racines sémitiques, résultant du long séjour des Arsacides à Ctésiphon et à Séleucie. Suivant Justin, le fond original est scythique ; mais les Scythes parlaient un dialecte arian. Le Mahabharata connaît les Parthes, qu’il nomme Parada. Il les allie aux Saka (Sacæ), certainement Mongols. Les Parthes donnent, par leur comparaison ethnique, une assez juste idée de ce que devaient être plusieurs races touraniennes.