Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/130

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même tour trois ou quatre fois. Je ne fis que lui demander pourquoi il en agissait ainsi, et s’il y avait conscience à ravager ainsi la récolte des gens ? Dans ce moment le squire survint. Sauf le respect que je dois à Votre Honneur, c’est une pauvre espèce de gentilhomme qui ne vaut pas un coup de poing. Il vint à moi tout bouffi de colère, en me menaçant de son fouet..... Je ferai pour mon maître tout ce qu’il sera de son bon plaisir de m’ordonner, comme le doit un honnête fermier ; mais je ne peux pas donner mon vote à un homme qui m’a menacé de me donner des coups de fouet… Et, pourtant, n’en déplaise à Votre Honneur, voilà que moi, ma femme et mes trois enfants, nous allons être jetés à la porte, et Dieu me pardonne si je sais comment leur avoir du pain. Je suis un pauvre laboureur qui ai travaillé toute ma vie, à qui on n’a rien à reprocher, que je sache, et sûrement cela est bien dur. Le squire Underwood me renvoie de sa ferme, et si Votre Honneur n’a pas la bonté de me prendre, je ne vois pas un des gentilshommes du canton qui veuille de moi, de peur, disent-ils, d’encourager leurs fermiers à devenir des rebelles. »

Cette dernière représentation ne laissa pas de faire effet sur M. Tyrrel.

« Bien, bien, mon garçon, reprit-il ; nous verrons ce qu’on peut faire. L’ordre et la subordination sont de fort bonnes choses ; mais il faut aussi que les maîtres sachent se conduire. D’après le récit que vous me faites, je ne trouve plus que vous soyez tant à blâmer. Marlow n’est qu’un fat, plein d’impertinence :