Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/196

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sieurs reprises sans recevoir de réponse, quoique bien sûrs de les avoir reconnus. D’après cette accumulation de charges et d’indices, les deux Hawkins, père et fils, furent jugés, condamnés et exécutés. Dans l’intervalle du jugement à l’exécution, Hawkins confessa son crime et donna les signes du plus vif repentir. Il y a bien quelques personnes qui nient cette dernière circonstance ; mais j’ai pris la peine de faire des recherches sur le fait, et je suis persuadé que leur dénégation est sans fondement.

» On n’oublia pas dans cette conjecture les cruelles injustices que ce malheureux avait eues à souffrir de son implacable persécuteur. C’était une fatalité bien étrange que les barbares projets de M. Tyrrel ne manquassent jamais d’atteindre leur but. Sa mort même servit par l’événement à consommer la ruine d’un homme qu’il haïssait ; et cette circonstance, si elle eût pu venir à sa connaissance, l’aurait peut-être consolé en quelque sorte de sa fin prématurée. Certainement le sort du pauvre Hawkins est digne de pitié, puisque l’on peut dire que c’est sa courageuse fermeté et son caractère indépendant qui l’ont à la fin poussé au désespoir et conduit avec son fils à une mort ignominieuse. Mais la compassion publique fut bien émoussée, quand on vint à songer que c’était de sa part un égoïsme impardonnable et vraiment barbare que de n’être pas venu lui-même affronter les suites de son crime, plutôt que de souffrir qu’un homme tel que M. Falkland, un homme qui avait tant cherché à lui faire du