Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/246

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Après avoir indiqué quelques mesures générales, je pensai que ce n’était pas assez faire que de rester là pour surveiller et ordonner, mais que je devais contribuer de ma personne au travail qu’exigeait la conjoncture présente. Je sortis donc pour cela ; et par je ne sais quelle secrète fatalité, mes pas se portèrent vers cette pièce particulière qui était à l’extrémité de la bibliothèque. Arrivé là, comme je regardais autour de moi, mes yeux tombèrent tout à coup sur ce coffre dont j’ai parlé dans le premier chapitre de cette histoire.

Mon esprit était exalté au dernier degré. Il y avait dans l’appui de l’une des croisées de la chambre un ciseau et quelques autres outils de charpentier. Je ne sais quel moment de délire s’empara de moi tout à coup. C’était une impulsion trop forte pour pouvoir y résister. J’oubliai l’affaire pour laquelle j’étais venu, j’oubliai les gens de la maison et l’urgence du danger général. La chambre où j’étais aurait été tout enveloppée de flammes que j’en aurais fait de même. Je m’emparai d’un outil propre à mon dessein, je me mis à terre, et tentai bien vite l’ouverture de ce qui renfermait l’objet de mon ardente curiosité. Après deux ou trois efforts où toute l’énergie d’une passion indomptable se joignit à ma force physique, la garniture céda, le coffre s’ouvrit, et tout ce que je brûlais de voir et d’apprendre se trouvait déjà en ma puissance.

J’en étais à lever le couvercle, quand entra M. Falkland essoufflé, l’œil farouche et hagard. Il avait été ramené chez lui par la vue des flammes