Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XIX


Il n’y avait pas longtemps que M. Falkland m’avait fait cette fatale confidence, lorsque M. Forester, un frère aîné qu’il avait du côté de sa mère, vint faire une résidence de quelques jours dans notre maison. C’était une circonstance opposée aux habitudes et aux inclinations de mon maître. Comme je l’ai déjà dit, il avait rompu depuis longtemps tout commerce de visites avec ses voisins ; il se refusait toute espèce d’amusement et de distraction. Il fuyait la société des hommes, et ne se trouvait jamais assez enseveli dans l’obscurité et la solitude. Pour un homme ferme dans ses résolutions, ce plan de conduite était, dans presque toutes les circonstances, d’une exécution assez facile ; mais il n’était pas possible à M. Falkland d’éviter la visite de M. Forester. Ce gentilhomme arrivait du continent, où il avait fait un séjour de plusieurs années ; il avait demandé à son frère un appartement jusqu’à ce que sa propre maison, qui était à trente milles de là, fût en état de le recevoir, et il avait fait cette demande avec un ton d’assurance qui n’admettait guère la possibilité d’un refus. Tout ce que put dire M. Falkland, c’est que l’état de sa santé et de son humeur était tel qu’il avait à craindre qu’un séjour dans sa maison