Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/283

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dans la souffrance et le désespoir toutes les espérances de ma jeunesse ? Consultez les principes d’humanité qui ont marqué le cours de toutes vos actions, et que je ne sois pas, je vous en supplie, l’objet d’une rigueur inutile. Mon cœur est pénétré de reconnaissance pour toutes vos bontés. Pardonnez à mon sincère repentir les fautes de ma conduite. Je regarde le traitement que j’ai reçu dans votre maison comme une suite presque continuelle de bienveillance et de générosité. Je n’oublierai jamais les obligations que je vous ai, et jamais je ne serai ingrat.

» Je demeure, monsieur,

» Votre très-reconnaissant,
très-respectueux et très-dévoué serviteur,
» Caleb Williams. »


Ce fut ainsi que j’employai la soirée d’un jour à jamais mémorable dans l’histoire de ma vie. M. Falkland n’étant pas encore rentré, quoiqu’on l’attendît d’un moment à l’autre, j’eus l’idée de me servir du prétexte de la fatigue pour éviter une entrevue avec lui. Je me mis au lit. Le lendemain matin j’appris qu’il n’était revenu que fort tard, qu’il m’avait fait demander, et qu’ayant su que j’étais au lit, il n’en avait pas dit davantage. Assez satisfait de ce rapport, je descendis à la salle du déjeuner, où je restai quelque temps à arranger des livres et à terminer quelques autres petites occupations, en attendant que M. Falkland parût. Au bout de quelques mi-