Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/295

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vous allez revenir avec moi ; et, de plus, j’ai une lettre pour vous ; peut-être, quand vous l’aurez lue, ne serez-vous pas aussi obstiné. Si cela ne suffit pas, on verra après ce qu’on aura à faire. »

En disant ceci, il me donna la lettre ; elle était de M. Forester, qu’il avait laissé, à ce qu’il me dit, à la maison de mon maître. Voici ce qu’elle portait :


« Williams,

« Mon frère Falkland a envoyé le porteur de la présente pour vous chercher. Il espère que, si on vous trouve, vous reviendrez à la maison. Je m’y attends aussi. Cela est de la dernière conséquence pour votre honneur et votre réputation. Quand vous aurez lu ceci, si vous êtes un bas et méprisable coquin, vous chercherez peut-être à vous enfuir. Si votre conscience vous dit que vous êtes innocent, il n’y a pas le moindre doute que vous reviendrez. Que je sache si j’ai été votre dupe et si, au moment où je me laissais aller à votre extérieur de candeur et de simplicité, je n’étais que l’instrument d’un déterminé fripon. Si vous venez, j’engage ma foi que, pourvu que vous laviez votre réputation, non-seulement vous aurez la liberté d’aller partout où il vous plaira, mais que vous aurez de moi tous les secours qui peuvent être en mon pouvoir. Prenez-y garde ! je ne m’engage à rien de plus.

» Valentin Forester. »


Quelle lettre ! pour une âme comme la mienne, brûlante de l’amour de la vertu ; une pareille lettre