Page:Goethe-Nerval - Faust 1828.djvu/60

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damner à ses propres tourmens ; devant cette étroite avenue où tout l’enfer étincelle !… ose d’un pas hardi aborder ce passage….. au risque même d’y rencontrer le néant !

Sors maintenant, coupe d’un pur cristal, sors de ton vieil étui, auquel je fus loin de songer pendant de si longues années. Tu brillais jadis aux festins de mes pères, tu déridais les plus sérieux convives, qui te passaient de mains en mains et dont chacun se faisait un devoir, lorsque venait son tour, de célébrer en vers la beauté des ciselures qui l’environnent, et de te vider d’un seul trait. Tu me rappelles les nuits de ma jeunesse ; je ne t’offrirai plus à aucun voisin, je ne célébrerai plus tes précieux ornemens. Voici une liqueur que je dois boire pieusement, elle te remplit de ses flots noirâtres ; je l’ai préparée, je l’ai choisie, elle sera ma boisson dernière, et je la consacre avec toute mon âme, comme