Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/145

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FAUST.

Et tu me pardonnes la liberté que je pris ? ce que j’eus la témérité d’entreprendre lorsque tu sortis tantôt de l’église ?

MARGUERITE.

Je fus consternée ! jamais cela ne m’était arrivé, personne n’a pu jamais dire du mal de moi. « Ah ! pensais-je, aurait-il trouvé dans ma marche quelque chose de hardi, d’inconvenant ? Il a paru s’attaquer à moi comme s’il eût eu affaire à une fille de mauvaises mœurs. » Je l’avouerai pourtant : je ne sais quoi commençait déjà à m’émouvoir à votre avantage ; mais certainement je me voulus bien du mal de n’avoir pu vous traiter plus défavorablement encore.

FAUST.

Chère amie !

MARGUERITE.

Laissez-moi…


Elle cueille une marguerite et en arrache les pétales les uns après les autres.


FAUST.

Qu’en veux-tu faire ? un bouquet ?

MARGUERITE.

Non, ce n’est qu’un jeu.

FAUST.

Comment ?

MARGUERITE.

Allons, vous vous moquerez de moi.

Elle effeuille et murmure tout bas.


FAUST.

Que murmures-tu ?

MARGUERITE, à demi-voix.

Il m’aime. — Il ne m’aime pas.