Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/207

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— Je reconnais bien là, dit Méphistophélès, votre savante circonspection. Ce que vous ne touchez pas, vous le croyez à mille lieues ! Ce que vous ne chiffrez pas vous semble faux ! Ce que vous ne sauriez peser n’a pour vous aucun poids ! Ce que vous ne pouvez monnayer vous paraît sans valeur.

— Mais, dit l’empereur, à quoi bon tant de paroles ? Nous manquons d’argent, trouvez-en.

Méphistophélès promet encore une fois tous les trésors enfouis sous la terre, et est soutenu dans ses assertions par l’astrologue de la cour, qui offre l’aide de la divination et des charmes pour trouver les mines inconnues et les trésors enfouis.

Ces deux personnages s’accordent à faire un si brillant tableau de ces finances impériales à recouvrer sous la terre, que le souverain veut se mettre tout de suite en besogne et prendre en main la pioche et la pelle. L’astrologue fait observer que le carnaval va s’ouvrir, et qu’il convient de le passer dans la joie. Il suffit d’avoir foi dans l’avenir, et de faire un dernier étalage de luxe et d’abondance publique.

— À partir du mercredi des Cendres, dit l’empereur, nous commencerons donc nos nouveaux travaux. Jusque-là, vivons en gaieté.

Les fanfares résonnent, le conseil se sépare, et Méphistophélès rit à part soi de la façon dont il vient de jouer son rôle de fou.

Ici commence un intermède bouffon et satirique dont il est difficile de fixer les vagues allusions. Il ressemble en cela à celui de la première partie, intitulé : les Noces d’or d’Obéron et de Titania.

La scène représente une vaste salle entourée de galeries et parée pour le carnaval. Là se presse une foule de personnages de tout temps, dont on ne peut trop dire si ce sont des masques ou des fantômes. Un héraut est chargé du récitatif de cette longue scène, où mille acteurs divers chantent ou dissertent, selon leur rôle. Des jardiniers et des jardinières, des bûcherons, des oiseleurs, des pêcheurs.