Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/208

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forment une sorte d’entrée de ballet. Une mère et sa fille cherchent l’épouseur, rare à fixer ; Polichinelle raille la foule affairée ; des parasites se promettent les joies du festin, et des chœurs dominent par leurs chants le tumulte de l’assemblée. Le héraut donne aussi passage à un groupe de poètes didactiques, satyriques et romanesques ; quelques-uns d’entre eux chantent la nuit et les tombeaux, et se pressent autour d’un vampire nouvellement ressuscité, pour en tirer des inspirations. Le héraut fait entrer derrière eux une mascarade selon la mythologie grecque, composée des Grâces et des Parques, qui chantent leurs diverses fonctions humaines et divines. Les personnages symboliques, la Crainte, l’Espérance, la Sagesse, prennent part à leur tour à ce concert, où Zoïle-Thersite élève sa voix discordante.

Bientôt Plutus arrive, entouré d’un brillant cortège, et la foule émerveillée fait cercle autour de lui. Le jeune homme qui conduit le char de ce dieu sème sur son passage des bijoux, des perles et des pierreries qui, recueillis par les assistants, se transforment en insectes, en papillons, en feux follets. On sent déjà que Méphistophélès n’est pas étranger à ces prodiges, et joue encore, dans un monde plus relevé, son rôle de physicien de la taverne d’Auerbach[1]. Plutus, à son tour, descend du char, et ouvre un coffre-fort où brille l’or fondu, mesuré dans des vases d’airain. La foule se presse avidement vers ces sources nouvelles de prospérité. Mais Plutus, plongeant son sceptre dans le métal bouillonnant, en asperge l’assemblée, qui pousse des cris de douleur et de colère.

Une entrée de faunes, de satyres et de nymphes amène, en chantant un chœur, le dieu Pan, qu’une députation de gnomes vient complimenter, et auquel ils promettent les trésors renfermés dans la terre. On commence à voir ici que le dieu Pan n’est que l’empereur lui-même, déguisé. Les gnomes le conduisent vers le merveilleux trésor de Plutus ; mais, au moment où il se penche pour regarder dans le

  1. Voyez pages 84 et suiv.